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évidentes d’habitations, et même, conformément au récit de Florus, des traces de clôtures fort anciennes. On les nomme encore en Périgord Cluseaux, mot dont on peut trouver l’origine dans les cavernes inclusæ par César. Dans plusieurs, dans celle de Breingues (dép. du Lot), celle de la Combe-Grenant (dép. de la Dordogne), décrites par M. Delpon et M. Jouannet, de nombreux ossemens de mammifères d’espèces en partie perdues, étaient enfouis, comme dans celles du Languedoc, sur le même sol qui, plus tard, reçut les débris de l’espèce humaine et d’une grossière industrie. Si l’on examine le sol extérieur de l’ancienne Aquitaine, on le voit presque aussi couvert de monumens d’origine gauloise que la Bretagne ; dans le seul département du Lot, sur le territoire des anciens Cadurci, M. Delpon a signalé près de 500 dolmen et un plus grand nombre de tumulus.

Mais ce n’est pas seulement à la période gauloise ou gallo-romaine que peut se rapporter l’habitation des cavernes de cette contrée ; elle a dû se conserver long-temps dans les mœurs d’un peuple exposé aux désordres des guerres presque perpétuelles qui le tourmentèrent durant plus de dix siècles, sous les invasions successives des Goths, des Sarrasins, des Francs, des Normands, des Anglais. On en retrouve en effet une preuve aussi authentique que celle de Florus, six cents ans après cet historien. Eginhard nous apprend (Annal. de Gestis Car. magni, an 767) que le roi Pepin, après une lutte prolongée contre les Aquitains et les Wascons, se rendit maître de la plupart des châteaux, roches et cavernes dans lesquels se défendaient les sujets de Waifre, dernier duc d’Aquitaine : Castella mulla, et petras, atque speluncas, in quibus se hostium manus plurima defendebat, capit (D. Bouquet, Recueil des Hist. de France T. V., p. 200). On retrouve en effet dans le dép. du Lot des traces nombreuses de ces cavernes habitées et fortifiées à différentes époques ; M. Delpon en a décrit plusieurs dans son intéressante statistique du Lot. On peut même dire que cet usage des demeures souterraines, soit passagères, soit fixes, est bien loin de s’être anéanti dans nos provinces, puisque, sur les bords de la Loire seulement, quinze à vingt mille familles des dép. de Loir-et-Cher, d’Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, n’ont pas d’autre habitation que les grottes creusées dans les collines de craie tufau.

Mais pour ne parler que des cavernes à ossemens humains du midi de la France, et même en supposant ceux-ci de l’époque historique la plus éloignée, l’argument que MM. Marcel de Serres et Tournal ont particulièrement cru pouvoir tirer de la grossièreté des produits d’industrie qu’on y a découverts, pour leur attribuer une antiquité fort au-delà des temps historiques,