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en tant qu’elles voudraient signifier un changement dans les effets et les causes générales.

Les causes qui agissent sur le sol découvert, et les effets qui en résultent, sont différens de ceux qui ont lieu sous les eaux. Il y a des phénomènes terrestres, et des phénomènes sous-aqueux ou neptuniens : voilà tout.

D’une part, dès l’instant qu’un sol a été découvert, il s’est fait des dégradations, des galets, des alluvions, des dunes, des tourbes ; d’une autre, il se fait encore sous les eaux des bancs coquilliers, des lignites, des fossiles. Il y a continuité entre l’époque ancienne et l’époque actuelle, comme entre l’antiquité et les temps modernes.

Seulement des modifications locales, échelle moins grande peut-être, mais mêmes causes premières, avec des causes secondaires atténuantes et modifiantes. Ainsi, si la chaleur est moins forte, si la surface des eaux, comparée avec celle des terres, est plus petite, il y a moins d’évaporation, moins d’eau courante ; si les lits de fleuves sont comblés, l’action des eaux est moins violente ; si les talus sont formés, il y a moins d’éboulemens. Les premiers terrains secondaires n’ont pu emprunter leurs matériaux qu’aux terrains primaires ; les terrains tertiaires ont emprunté les leurs aux terrains primaires et aux terrains secondaires, comme les terrains qui se forment aujourd’hui, le sont aux dépens des trois premiers formés ; les eaux retenues dans des bassins supérieurs sont en moindre quantité, les débâcles sont plus rares ; plus de stabilité, il est vrai ; mais ce, sont là des nuances, des gradations, ou plutôt c’est la fin d’une période de tranquillité. Certes, notre état social, nos usages, nos goûts, notre savoir, n’ont aucune ressemblance avec ceux des premiers Gaulois, nos ancêtres ; mais entre eux et nous il n’y a que des nuances : ce que les hommes font aujourd’hui sur la terre se complique de l’action des hommes qui les ont précédés. Quelques révolutions viennent bien modifier subitement la marche des choses et des idées, faire avancer ou retarder là civilisation ; mais la nature de l’homme ne change pas, et à travers ces modifications sans nombre, des règles certaines, des lois immuables subsistent.

On peut en dire exactement autant de l’histoire de la terre, ses premières pages se suivent jusqu’à nous ; les mêmes causes agissent, etc. Si des révolutions plus ou moins étendues sont venues