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gemens de substance. Et ici il serait facile d’abandonner l’emploi du raisonnement pour avoir recours à des faits, en rappelant des exemples qui prouvent qu’à des époques bien récentes, et même dans le moment présent, il s’est formé et se forme encore des roches dures (Messine, Côtes du Calvados, Guadeloupe) que des substances organisées, placées dans de certaines circonstances, changent de nature (végétaux passant à l’état siliceux ou calcaire, bois du pont de Trajan, racines d’arbres en partie ligueuses, en partie calcaires, dans les sables des environs de Paris, etc.).

Évoquera-t-on maintenant comme objection à opposer qu’on ne voit pas de dépôts puissans, étendus, se former actuellement, parce qu’il ne se fait pas de dépôts dans la baie de Cancale ? Mais c’est que, lors même que les dépôts les plus étendus ont été formés, il y avait dans les mers des endroits où vivaient tranquilles les animaux fixés, et qui recherchent les eaux limpides.

S’il suffit d’un changement dans quelques circonstances locales, comme le déplacement de l’embouchure d’un cours d’eau, la formation d’un banc de sable, l’affaiblissement d’une falaise, pour qu’un point où vivaient des huîtres et du corail devienne inhabitable pour les mêmes êtres ; d’un autre côté, sans l’une de ces circonstances, les mêmes animaux ne cesseront pas de se propager sur le fond choisi par leurs ancêtres tant que ce fond conviendra à leurs organisations et à leurs habitudes.

En résumé, les expressions d’époque actuelle et d’époque ancienne peuvent indiquer, en géologie comme est histoire, des termes extrêmes qui se lient insensiblement, mais nullement deux classes de phénomènes.

L’époque anté et post-diluvienne n’indique qu’un temps avant ou après un événement qui, pour les géologues, n’a rien de précis, puisque les faits géologiques ne peuvent porter avec eux des caractères physiques de ces deux époques.

L’époque historique est relative pour chaque société, pour chaque peuple, et elle comprend les phénomènes anté et post-diluviens des auteurs, qui entendent par là spécifier le Déluge mosaïque ; les périodes saturnienne et jovienne seraient, d’après les phénomènes qu’elles comprennent, suivant M. Brongniart, deux périodes successives, mais pour chaque point du globe, et non deux périodes dans le temps.

Ces distinctions, utiles dans ce dernier sens, seraient nuisibles