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dans les formations supérieures, ou réciproquement. Mais, en définitive, si, comme pour les roches, on fait le relevé des espèces minérales que les divers géologues les plus recommandables assignent à ces divers terrains, et surtout si l’on les recueille dans les descriptions de géognosie locale, l’on trouve à peine une ou deux espèces minérales qui demeurent exclusivement dans chacune de ces formations ; et puisque, depuis les travaux modernes, ce nombre va toujours décroissant, qu’il est aujourd’hui réduit à si peu de chose, l’on ne peut pas affirmer que demain un voyageur des contrées lointaines n’apportera pas dans le granite un minéral que l’on ne croyait appartenir qu’aux phyllades ou au calcaire saccharoïde.

Sans doute, il semble qu’un pays couvert de micaschiste ne saurait être rapporté à la même formation que celui où l’on ne voit à peu près que du granite ou du gneis. Cependant ces roches n’offrent que les mêmes élémens ; tout ce qui semble les distinguer si fortement, n’est qu’une différence de texture et de proportion dans la quantité relative de ces élémens, et non-seulement ces élémens sont les mêmes, mais les minéraux disséminés sont encore à peu près les mêmes. Pourquoi donc supposer qu’ils n’appartiennent pas à une même formation ? et n’est-il pas vrai que l’on trouve du granite au milieu ou même au-dessus de ce micaschiste, et réciproquement du gneis et du micaschiste dans ce granite et avec les mêmes minéraux ?… Il semble donc véritablement qu’il n’y a, pour distinguer ces prétendues formations établies dans les terrains primordiaux, ni caractères géognostiques, ni caractères minéralogiques ; il n’y a pas non plus de caractères zoologiques : il ne reste donc que des conventions, et l’on sait que chacun propose et conserve les siennes.

Pour moi, si je désire une telle réunion, ce n’est pas pour faire un nouveau système, c’est uniquement dans la vue de diminuer et de détruire même, puisque c’est possible, l’obscurité et la confusion qui règnent dans les terrains primitifs, obscurité qui résulte de ce qu’il n’y a rien de tranché, rien de décisif, et que le jeune géologue voit toujours la même chose dans sept à huit formations où l’on l’oblige à trouver des différences.

Si ce système de parallélisme et d’équidistance qui caractérise ce tableau mnémonique existe véritablement dans la nature, toutes ces roches diverses doivent n’appartenir qu’à une seule et même formation, d’autant plus riche minéralogiquement, que le règne minéral occupait alors exclusivement toute la nature. Il ne s’agit donc que d’apprendre à distinguer et à reconnaître ce petit nombre