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qui habitaient en grand nombre la forêt de la Braconne, où il en existe encore aujourd’hui, se retiraient aussi très-fréquemment dans les mêmes lieux et y portaient très-vraisemblablement leur proie ; que ces carnassiers avaient aussi quelquefois exhumé des cadavres du cimetière de Rancogne, situé immédiatement au-dessus des grottes ; enfin, qu’à certaines époques la Tardoire débordait et s’écoulait en partie dans ces grottes, où elle déposait une grande quantité de limon vaseux, qui se durcissait d’autant plus que ces débordemens étaient plus longtemps à se reproduire.

M. Boubée rapporte les observations qu’il a faites avec M. Beltrami, dans la grotte d’Ussat (Arriége). Cette grotte est creusée dans le calcaire compacte de transition, ou plutôt résulte de l’affaissement de deux couches épaisses qui sont appuyées l’une sur l’autre. Son entrée est élevée de plus 200 mètres au-dessus du sol de la vallée, et l’accés en est très-escarpé. Après une demi-heure de chemin dans l’intérieur de cette grotte, on rencontre un chaos de rochers épouvantables ; entassés les uns sur les autres, formant une muraille élevée de 60 mètres. De grandes échelles employées plusieurs fois successivement sont indispensables pour gravir ces rochers, et arriver à la seconde partie de la grotte. L’on y retrouve un sol parfaitement régulier, et il se présente tout de suite un large bassin pavé d’ossemms humains. Leur nombre est encore effrayant, malgré tout ce que l’on en a tiré depuis plusieurs années. En outre, on voit plusieurs tas de sable granitique refoulés dans les angles de la grotte, tandis que de toutes parts sont accumulés de gros cailloux bien arrondis de roches primitives, dont les unes granitiques sont en décomposition, et les autres résistent vivement au marteau. M. Boubée observe que les cailloux primitifs et les ossemens humains, ainsi que des débris de poteries et une mâchoire de mouton, qu’il y avait recueillis dans un précédent voyage, sont également recouverts de calcaire incrustant. Ayant fait creuser avec des pioches, MM. Boubée et Beltrami ont reconnu que les ossemens humains sont tous compris dans la couche épaisse de calcaire incrustant qui forme le sol de la grotte ; que parmi ces ossemens, il en est qui sont entièrement cachés et profondément empâtés dan ce calcaire,