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la région où s’arrêtent les corps organisés fossiles, l’on aurait peut-être l’inconvénient de séparer ce que la nature n’aurait fait que nuancer.

Frappé de l’insuffisance des caractères que je viens d’exposer, et bien convaincu d’ailleurs qu’il est nécessaire, pour résoudre le question de l’existence des ossemens fossiles humains, de bien fixer les idées sur la valeur de ce mot, j’ai pensé que la présence dans un même dépôt d’une ou de plusieurs espèces animales bien caractéristiques et regardées par tous les naturalistes comme fossiles, devait suffire pour mériter à tous les corps organisés ensevelis dans le même dépôt, le nom de fossile, lorsque toutefois il est bien prouvé qu’ils sont contemporains, c’est-à-dire que leur mélange dans le même dépôt n’a pas eu lieu accidentellement, Or, il résulte des faits bien observés par plusieurs personnes et dans des localités différentes, que l’homme a été contemporain de quelques espèces animales maintenant disparues de la surface du globe, et parmi lesquelles on remarque l’hyène qui a reçu de M. Cuvier le nom de fossile, hyenna fossilis. Pour nous borner à deux exemples irrécusables, nous dirons :

1° Que nous avons observé, il y a deux ands, dans le limon et les brèches osseuses des cavernes de Bise, près Narbonne, des ossemens humains, des poteries, des bois de cerf, et d’autres ossemens travaillés confondus avec différentes espèces d’animaux, dont plusieurs appartiennent à des espèces perdues, et parmi lesquels on remarque des cerfs, des chamois, des chevreuils, des antilopes, des ours, etc. M. le professeur de Serre, avec qui nous devons donner en commun la description des cavernes de Bize, a de son côté fait les mêmes observations.

2° Que notre ami M. Jules de Christol, professeur de géologie à Marseille ; observé dans les cavernes du Gard des poteries et des ossemens humains associés avec des ossemens de rhinocéros, de cerf, de cheval, de bœuf et d’hyène (hyenna fossilis).

De ces faits bien observés l’on doit conclure, 10 que, des ossemens humains ayant été rencontrés enfouis dans les mêmes couches avec des ossemens de mammifères terrestres, considérés jusqu’à présent comme fossiles, l’existence des ossemens humains à l’état fossile ne peut être révoquée en doute ; 2° que, le limon au milieu duquel ces objets sont ensevelis étant regardé par tous les géologues comme faisant partie des terrains diluviens, l’existence des ossemens humains et des poteries anté-diluviennes ne peut également être contesté. Enfin, il résulte également des observations précédentes, qu’à une certaine époque, le département de l’Aude a été