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difficiles à admettre non-seulement la contemporanéité de l’homme et de quelques espèces considérées jusqu’à présent comme fossiles, mais encore l’existence de l’homme à l’état fossile. En effet, de nombreux exemples sont venus confirmer mes premières observations. Les objets d’art que j’ai recueillis dans le limon et les brèches osseuses de Bise, ne peuvent pas nous indiquer à quelle époque le phénomène qui a comblé les cavernes à ossemens a eu lieu, ni quels peuples en ont été les témoins ou les victimes ; mais néanmoins la liaison qui existe entre les temps géologiques et les temps historiques est couverte d’un voile si mystérieux, que nous devons recueillir avec le plus grand soin tous les matériaux qui peuvent nous aider à éclairer cette importante question. La géologie peut seule jeter quelque jour sur l’histoire primitive du genre humain.

Il m’a semblé indispensable de faire précéder les considérations suivantes de quelques remarques sur ce que l’on doit entendre par diluvium et terrains diluviens, ainsi que sur la valeur du mot fossile. Assez généralement l’on entend par diluvium un terrain composé de fragmens roulés et de débris plus ou moins volumineux de roches de différente nature, d’amas de sable, de graviers, de marne et d’argile ; cet ensemble de dépôts, que l’on désigne aussi sous le nom de terrains diluviens, recouvre toutes les couches dont se compose l’écorce du globe, et n’est recouvert que par les alluvions des fleuves et par les produits volcaniques modernes ; le limon qui a comblé l’intérieur de certaines cavernes, et dans lequel on a obsœvé des amas prodigieux d’ossemens de mammifères terrestres, fait partie de l’ensemble de ces dépôts.

C’est avec l’époque de formation des terrains diluviens que certains géologues font coïncider la destruction de plusieurs races de mammifères, tels que certaines espèces de mastodontes, d’éléphans, de rhinocéros, d’hippopotames, d’ours, de lions, d’hyènes, de cerfs, etc., etc. Les géologues qui veulent soutenir le déluge de Moïse, regardent le diluvium comme l’effet d’un déluge universel, et pensent que les terrains diluviens ont été déposés d’une manière brusque et sous un cataclysme universel ; suivant eux, ce terrain ne renferme jamais des vestiges qui puissent indiquer l’existence de l’homme à cette époque : tous, au reste, sont d’avis que les corps organisés que l’on trouve ensevelis dans ce genre de dépôts méritent le nom de fossile.

D’après cette manière de voir, les terrains diluviens devraient être caractérisés par la présence des fossiles marins, puisqu’ils auraient été formés par une inondation marine générale. Or, il est