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quoique moins carriée que la zône précédente, il est très-difficile, à raison de l’aspérité des surfaces, d’y marcher et d’y appuyer les mains. En les examinant attentivement, on les voit toutes criblées de petites cavités de quelques millimètres, à bords tranchans et recouvrans ou creusées en dessous. Il est important de remarquer que ces petites cavités se trouvent aussi bien sur les faces verticales que sur celles qui sont horizontales, ce qui prouve que la cause première des phénomènes est indépendante de la pesanteur.

Les mêmes surfaces présentent, en outre, de nombreux petits sillons dirigés rigoureusement suivant les lignes de plus grande pente. On les voit naître sur chaque arête culminante, creuser et s’élargir en descendant vers les extrémités du plan incliné. Les arêtes qui séparent les sillons principaux deviennent elles-mêmes le point de départ de sillons nouveaux, qui convergent vers le fond des premiers. On dirait le plan en relief d’une contrée montueuse. On doit observer que ces sillons ne se montrent pas sur les faces horizontales ni sur celles qui approchent de la verticale. On peut assurer que le voisinage de la mer est une circonstance nécessaire au phénomène en action, car on cesse entièrement de voir des cavités à surfaces vives à 30 ou 40 mètres au dessus du niveau de la mer et à 1500 ou 2000 mètres de distance en plaine. (Tirynthe est à la limite de l’action de l’aura marina dans le golfe Argolique.)

Le phénomène précédent peut s’expliquer par des actions en quelque sorte mécaniques. Les particules salines emportées par le flot agissent par imbibition et cristallisation et en outre hygrométriquement en fixant l’humidité dans les parties qu’elles pénètrent. Les cavités se forment ainsi sur toutes les faces. Ensuite les eaux pluviales et de rosée créent les sillons, en se dirigeant suivant les lignes de plus grande pente et entraînant les parties désaggrégées.

Quand on s’élève dans la partie supérieure de cette zône, on remarque que le fond des cavités se recouvre d’un lichen grisâtre ; bientôt la roche entière en est couverte et toute action érosive a cessé.

Les monumens historiques situés dans la sphère d’activité de l’aura marina font voir les mêmes érosions, tandis que ceux du même âge (cyclopéens ou helléniques), reculés dans l’intérieur du terres, sont inaltérés comme au jour de leur construction, et que d’un autre côté des monumens de l’époque des croisades, situés sur le littoral, montrent déjà quelques traces d’érosion. L’auteur a été quelquefois à même d’observer dans le même lieu et sur les mêmes matériaux, l’effet de cette action empreint à la fois sur des monumens