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dépôt dans d’autres lieux du même pays est placé, par les deux géologues anglais, dans le sol secondaire, parce que les fossiles n’en ont pas encore été étudiés par des conchyliologistes, et parce que certaines assises inférieures, cachées au Kressemberg, y renferment des bélemnites et des inocérames. N’est-il pas tout simple, si les parties inférieures du grès vert alpin présentent, soit en Autriche, soit en Suisse, des fossiles de genres réputés jusqu’ici tertiaires, que cet accident se répète dans d’autres assises, et avec des caractères encore plus saillans. Pour nous, nous n’y voyons encore qu’une autre anomalie zoologique des dépôts alpins ; si nous admettons les fougères du terrain houiller dans le lias, quelle difficulté y a-t-il à voir des espèces fossiles tertiaires dans le grès vert ? Il y a dans la structure des Alpes un grand problème de paléontologie et de botanique fossile à résoudre ; c’est là que semble commencer, en Europe, un autre ordre de choses qui se prolonge dans les contrées plus méridionales de ce continent et peut-être en Afrique.

Dans la distribution géologique des êtres et des végétaux fossiles sur le globe, ce sont les degrés de latitude et non ceux de longitude qui paraissent établir des différences essentielles d’une contrée à une autre, témoin cette uniformité des pétrifications dans les divers dépôts du nord de l’Amérique et de l’Europe septentrionale. C’est aussi la raison pour laquelle je crois qu’on trouve les houillères accumulées dans les contrées tempérées du globe, tandis qu’elles ne sont que très-rares dans les pays équatoriaux ; surtout dans ceux qui ne sont pas fort élevés au-dessus de la mer. Serait-il possible, comme l’a déjà soupçonné M. de Raumer qu’en général les formations se sont bien succédées à peu près dans le même ordre dans tous les pays, mais qu’au contraire, l’époque de leur dépôt a varié d’un endroit à un autre, de manière que la constance des caractères paléontologiques en a été altérée ? L’on peut aussi supposer qu’aux diverses mêmes époques géologiques certains pays étaient déjà dans des circonstances climatoriales plus ô voisines de leur état actuel que d’autres contrées ; de sorte que les âtres et les plantes différaient dans divers grands systèmes de pays ; et, par suite, les dépôts qui s’y sont formés, et qui recèlent des plantes ou des restes d’animaux.

Cette idée rendrait peut-être mieux compte de la singulière distribution qu’on observe dans les dépôts des bassins tertiaires dont la plupart, en Europe, sont simplement subapennins, et un très-petit nombre offrent en outre un dépôt calcaire plus ancien, en tout, ou en partie, que le sol subapennin.