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une pure hypothèse, reposant sur une autre supposition, nullement prouvée, et assez contraire à l’idée de ceux qui ne reconnaissent dans la nature que des lois immuables.

MM. Marcel de Serres, Christel, Tournal, Farine et d’autres, croient avoir trouvé, dans les cavernes à ossemens, des os humains et des produits de l’art ; et ils concluent de là, que l’homme a au moins existé pendant l’époque alluviale. Donati et M. Germar prétendent, d’un autre côté, qu’il y a des os humains dans les brèches osseuses de la Dalmatie. M. Keferstein conserve un morceau de verre dans cette même roche. MM. de Schlotheim, le comte Sternherg, Schottin et le comte Razoumovsky ont décrit des os humains dans les marnes alluviales ou des détritus argileux ossifères, et en ont conclu que l’homme a subi les mêmes catastrophes que les animaux perdus avec lesquels on trouve ses restes associés dans des cavités de rochers. Enfin, un de nos secrétaires a annoncé avoir, à deux reprises différentes, trouvé des os humains sur les bords du Rhin, dans la même marne alluviale qui y encroûte ce pays, comme elle remplit des trous en Saxe. Si ce dernier cas pouvait être mis hors de doute par le moyen de recherches souterraines dans le massif même des marnes, l’existence de l’homo diluvianus ne serait plus qu’une réalité, au lieu d’exciter la risée de beaucoup de gens qui tout en professant croire au déluge mosaïque, sont assez peu logiciens pour nier qu’il y eût des créatures humaines avant cet évènement.

On ne peut que faire deux suppositions : ou ces personnes ne croient pas au récit mosaïque, et alors pourquoi nous parlent-elles toujours du déluge universel qui a eu lieu il y a trois mille ans ? Ou bien elles y croient, et elles sont obligées d’imaginer, tout-à-fait gratuitement, que les ossemens humains n’ont pas pu se conserver comme ceux des animaux. Dans ce dernier cas, je leur demanderai pourquoi elles s’obstinent à déclarer que l’homme est postérieur au déluge, ou contemporain seulement de l’époque alluviale moderne ?

D’un autre côté, la surface des marnes se voûtant aisément et des sépultures dans ces roches se dégradant, ce sont des cas qui peuvent induire le géologue en erreur, et même la dispersion de ces os dans la marne n’est pas à l’abri de l’objection qu’un cours d’eau a pu amener la marne et les os, et les placer sur le même dépôt auquel le limon avait été arraché. Les os obtenus étaient à un ou deux pieds dans la marne et épars, voilà le fait. Il faut donc faire fouiller ce terrain de Lahr pour, n’être pas induit en erreur.