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nord des Pyrénées, dans lequel nous avons constaté la présemce fréquente d’impressions végétales.

Quelques couches calcaires alternent aussi avec le grès et les poudingues ; mais, à l’exception des environs de Baga, ou le calcaire forme des couches puissantes, cette roche est presque une exception dans toute cette bande. Le calcaire est compacte, de couleur gris jaunâtre clair. Il renferme des oursins, des hippurites, cyclolites, nummulites et milliblites. Les poudingues contiennent aussi quelquefois des milliolites ; ces fossiles, les seuls que nous ayons trouvés dans cette roche, sont encore fort rares.

Au milieu de ces grès on trouve presque constamment, depuis Ridaure jusqu’à Berga, des amas d’un gypse saccaroïde ; ses caractères extérieurs sembleraient indiquer qu’il appartient à un terrain ancien, mais on voit de tous côtés les couches de grès venir aboutir contre le gypse, de sorte qu’il n’y a pas de doute qu’il ne soit enclavé dans le terrain. La végétation et les déblais nous ont empêché de voir le contact immédiat du gypse et du grès. Néanmoins, comme les masses gypseuses ont peu d’étendue, on juge parfaitement de la régularité des couches de grès, et nul doute qu’elles ne viennent aboutir contre le gypse. Cette disposition singulière, que nous avons observée plusieurs fois, nous porte à croire que le gypse est enclavé dans le terrain, et qu’il ne lui est pas contemporain. Elle ne permet pas non plus de penser qu’il lui soit antérieur : comment concevoir, en effet, que les couches très-inclinées du grès sont venues appliquer ainsi leurs tranches contre ces masses gypseuses ? Le gypse n’est pas, en Catalogne, associé avec l’ophite, comme il l’est habituellement sur le versant français des Pyrénées ; ses caractères extérieurs présentent en outre des différences notables : il est plus saccaroïde, il ne contient pas de gypse fibreux, et n’est pas associé à des marnes de différentes nuances ; enfin, il contient une grande quantité de chaux sulfatée lamelleuse.

Entre Berga et Cardone, on n’aperçoit aucun changement dans cette formation, et les bords du Cardoner, qui passe à une demi-lieue de la ville de Cardone, nous montrent encore le même grès que nous venons d’indiquer ; mais à Cardone même, l’aspect du grès change, sans qu’on aperçoive du reste, aucun changement dans la stratification du terrain dont toutes les couches plongent vers le sud-ouest, de sorte qu’en admettant même une différence de terrain, celui de Cardone serait plus moderne, puisqu’il recouvre les couches de grès dont nous venons de parler.

Le grès devient rouge à grains quartzeux et à pâte terreuse ; il