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et l’Élection de Pascal Paoli

En des formules précises ils montrent le mal qu’est l’assassinat, le dommage qu’il fait à la société, l’abjection qu’encourt celui qui le commet « non è bra vura, ma vero brutalità ». Ils s’attaquent au point d’honneur et aux préjugés dont il se couvre pour justifier ces vengeances qui ensanglantent les provinces, abaissent et détruisent les familles, et déshonorent le pays aux yeux de l’étranger qui nous tient pour des barbares. C’est la consulte qui parle ainsi. Par ces enseignements et par les sanctions établies, elle s’efforce d’empêcher, d’abolir, pour ainsi parler, l’homicide et de ramener dans le pays l’union, sans laquelle ni l’indépendance ni la civilisation ne sont possibles. De ces principes, devaient s’inspirer les paceri, amiables compositeurs ou arbitres criminels, institués dans chaque piève pour prévenir le mal et l’arrêter à ses débuts.

À la suite des paceri, pour veiller à la sûreté publique qui n’importait pas moins que la sûreté privée, la consulte instituait un tribunal d’Inquisiteurs, renouvelé de Gaffori, mais sur des bases différentes. Naturellement, il jugeait selon des règles déterminées (un tribunal suppose des lois) et sur des dépositions jurées, mais il agissait en secret pour mieux surveiller les factieux (il y en avait) et déjouer leurs menées criminelles.

Pour exécuter les sentences des Magistrats, pour garder le château de Corte et la tour de l’Île Rousse[1], la consulte avait décrété la création d’une troupe soldée, soumise à une discipline régulière. Elle ne dérogeait pas pour cela au principe qui faisait de tout

  1. Les Corses n’avaient que ce port pour communiquer avec l’Italie ; ils avaient vainement essayé de s’emparer des tours de la Padulella et de San Pellegrino, « per non essere costretti il far passare tutto per l’Isola Rossa, con molto loro incommodo. » (G. M. Doria, 14 Mai 1755).