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La Consulte de Caccia

sabilités qui l’assaillit au dernier moment, faillit tout compromettre ; mais cédant aux injonctions de l’Assemblée, il accepta et prêta serment[1]. La Corse avait trouvé le chef qu’elle cherchait.

Trois mois plus tôt, les 21 et 22 Avril, une consulte avait été tenue à Caccia[2], dans la sacristie du couvent à huis clos. Ce qu’il faut en retenir, ce sont les « établissements, règlements et décrets » qui y furent promulgués. À ce point de vue, son œuvre apparaît comme la continuation et l’achèvement de la consulte d’Orezza. Ce qui fut ébauché là-bas est ici mené à terme.

L’exercice de la justice est réglé dans tous ses détails : procédure à suivre dans les jugements, principes à observer, cas de nullité, etc. Le fonctionnement en est assuré dans chaque piève par un juge rétribué mais révocable en cas de prévarication. Au-dessus sont les tribunaux des provinces et le Magistrato Supremo corps judiciaire et politique à la fois. La loi rigoureuse, annoncée à Orezza pour la répression des crimes, fut publiée à Caccia, et rien ne montre davantage le lien qui existe entre les deux consultes. La seconde tint les promesses de la première, et ce sont vraiment des lois rigoureuses qu’elle édicta. L’assassinat n’était pas seulement puni de mort, comme on le demandait en 1730, mais la honte devait accompagner le châtiment (sia strascinato a coda di cavallo) ; et l’assassin exécuté, sa famille devait être chassée du Royaume sans espoir de retour.

Mais en même temps qu’un Code, ces « établissements » présentent un enseignement moral et civique.

  1. Voir le document : Élection de Paoli.
  2. La piève de Caccia correspond au canton de Castifao ; et le couvent, depuis longtemps en ruines, se trouve entre les villages de Castifao et Moltifao.