Page:Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de la Corse, fasc. 352-354, février 1913.pdf/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
Causerie sur

godere avec celle d’Antoine de Saint-Florent ; Raffaello Gentile, avec sa compagnie, et Altobello son frère avec ses cavaliers, occupaient Furiani. C’était ce dernier poste qui incommodait le plus les Génois, car il leur barrait le chemin de l’étang, et les poissons de l’étang faisaient leur principale ressource. Le commissaire génois, Cristoforo dei Negri, pour remédier à cet embarras, recourut à un expédient qui lui réussit. Pendant la nuit du 20 octobre, il envoya un détachement à l’île d’Ischia nuova, et la petite troupe eut le temps de s’y fortifier avant que les Français se fussent aperçus de rien. Pendant deux ans, les Génois purent se maintenir dans ce poste et jouir ainsi des avantages que procurait l’étang à ses possesseurs.

À la fin de 1558, l’épuisement des puissances belligérantes pouvait faire prévoir la fin prochaine de la guerre. En Corse, Français et Génois, pour s’assurer des conditions plus avantageuses le jour où la paix serait signée, avaient poursuivi les hostilités avec une ardeur nouvelle. Ce fut alors que le fort d’Ischia prit aux yeux des deux partis une importance inattendue. Mais laissons la parole au chroniqueur Ceccaldi, contemporain et peut-être témoin de cet événement : « Pendant que l’on croyait que la paix serait bientôt signée, Monseigneur de Beaumont, en Corse, envoyait au Grand Prieur (François de Lorraine), à Marseille, des lettres pressantes pour l’engager à s’emparer d’Ischia avant que la paix fût conclue. Il lui exposait que n’ayant pas eu pendant le cours de la guerre, l’occasion de se signaler par quelque glorieux fait d’armes, au moment où la guerre allait finir, cette entreprise était assez belle pour qu’on en retirât de la gloire ; d’autant plus que Giordano Orsino n’étant pas alors en Corse, l’honneur du succès lui reviendrait tout entier.