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La Conquête de la Corse

bleau le plus lamentable de leur situation en Corse, mais ils ne voulaient pas entendre parler d’une expédition militaire française dans ce pays. Or au mois de Juillet 1747, Rivarola, par un coup d’audace vint mettre le siège devant Bastia, occupa Terravecchia et pressa si énergiquement la citadelle de Terranuova que sa capitulation parut inévitable. Si l’escadre anglaise de six vaisseaux qui croisait entre Bastia et Livourne était intervenue, l’événement se serait aussitôt accompli ; mais elle ne bougea pas, car le gouvernement britannique était en ce moment occupé à négocier avec l’Espagne. Profitant de la mort de Philippe V et de l’avènement d’un nouveau Roi à Madrid, l’Angleterre offrait la paix et la Corse à l’infant espagnol don Philippe, dans l’espoir de brouiller les Bourbons de France et d’Espagne et peut-être aussi d’obtenir d’importantes concessions commerciales dans l’Amérique. « Un accommodement avec l’Espagne, disait le duc de Newcastle, est un si grand objet pour l’Angleterre, qu’elle est résolue de ne pas risquer de le manquer pour une chose qui lui semble de si peu d’importance comme la Corse ». La question de Gibraltar, que la cour de Madrid réclamait, fit échouer les pourparlers. Mais pendant qu’ils duraient, l’escadre britannique était restée inactive et son amiral sourd aux prières du roi de Sardaigne. « Du moment qu’ils ne croyaient pas devoir recueillir des bénéfices personnels, les Anglais n’entendaient pas perdre leur temps à protéger et à consoler un peuple gémissant ».

Le gouvernement français mit ces tergiversations à profit. Sur les instances, cette fois sérieuses, de la République de Gênes, une troupe de 500 hommes fut envoyée, le 1er Septembre 1747, au secours de Bastia. Elle était commandée par le colonel de Choiseul-Beaupré qui réussit parfaitement à repousser Rivaro-