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La Conquête de la Corse

maison de Savoie a toujours été « persévérante et attentive, ne se laissant embarrasser par aucune question de sentiments ». Elle a tiré partie de toutes les circonstances ; même les plus mauvaises lui ont été profitables et il n’y a peut-être pas d’état contemporain dont la fortune ait été plus évidente. Au XVIIIe siècle, elle rêve d’une hégémonie sur l’Italie pour commencer, elle s’emparera de la Corse qui, avec la Sardaigne, lui donnera les avant-postes de la péninsule. Cette politique convient assez à l’Angleterre, comme le dit le consul de Naples, à Gênes « Le roi de Sardaigne est plus que jamais soutenu par l’Angleterre qui voudrait le rendre très puissant pour en faire une digue contre la France »[1].

Ainsi se nouait en 1744 une triple alliance anglo-austro-sarde, dont la Corse était le pivot et dont le but était en partie la formation, au profit de la Sardaigne, d’une unité italienne dirigée contre la maison des Bourbons, française et espagnole. L’essentiel était pour l’Angleterre que sa rivale ne s’établît pas en Corse, d’où elle aurait dominé sur le bassin de la Méditerranée puis, après l’en avoir pour toujours expulsée, de faire attribuer l’île à la maison anglaise de Hanovre. Toute cette négociation, conduite par lord Newcastle à Londres, est vraiment ce que l’auteur appelle « de l’art dans la diplomatie ». On refuse à la République la garantie de possession de la Corse qu’elle demande avec humilité mais on cherche un prétexte d’intervention dans ce pays révolté. Le gouvernement britannique crut l’avoir trouvé en Théodore qu’il prit sous sa protection et fit transporter en Corse, avec ordre d’appuyer son débarquement ; la couardise du pseudo-roi fit échouer ce plan. Il feint alors de croire que Gênes se prépare à ven-

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