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à Fernex où elle demeure, Oreste et Tancrède, après quoi elle va joindre son ami M. de Valbelle à Marseille où le Roi l’a envoyé commander. Elle est accompagnée d’un Russe qui ne peut la quitter. Elle a sçu se faire d’excellens amis ce soir elle va voir le Docteur et porter une lettre de recommandation à Made Tronchin-Boissier (1). On fait plus d’attention à cette nHe à cause de la célébrité de ses talents, qu’on ne feroit pour quatre Duchesses, et l’on oublie ce qu’elle a été dans sa jeunesse. Je la vis passer hier dans le carosse de Fernex avec Made de Fleurian (2). Elle n’est ni belle, ni jeune, ni de grande taille, mais on dit que sur le théâtre elle est, ou paroit être, tout ce qu’elle veut représenter.

« Du Commun a été très content aussi de Mlle Ctairon elle viendra passer quelques jours à Tournai, ainsi nous la verrons bien à Morillon, elle est bonne, complaisante, amusante, et très decente, car ce n’est plus M~ Fretillon. Elle ne veut pas remonter sur le théâtre de Paris, à moins que les comédiens ne soyent sur le même pied que les autres Citoyens chrétiens. Elle fit pleurer Voltaire avanthier en déclamant quelques scènes de l’Orphelin. » « Du dimanche 18 août.

« Ah Madame Qui n’a pas entendu Clairon sur le théâtre n’a pas une idée de la Tragédie. Mercredi nous eûmes T ancrede. Je ne puis mieux vous représenter l’effet qu’elle produisit sur les spectateurs qu’en vous disant qu’après la pièce nous restâmes tous pendant un quart d’heure sans parler, sans bouger, sans penser à sortir, chacun étant concentré en lui-même. On avoit peine à respirer, nos Dames (1) Femme de Jean-Robert Tronchin, procureur général de Genève. (2) Nièce de Voltaire, sœur de M’°s Denis.