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gnements, de commérages « Lorsque j’entends dire quelque chose qui me paroit valoir la peine d’être raconté, écrit-il, le 11 février 758, je pense d’abord aux amis de Berne, voilà qui sera bon pour eux, il faut s’en souvenir mais quand je veux prendre la plume, ma mémoire de lièvre ne me fournit plus rien ». C’est trop de modestie en réalité il savait tout, se souvenait de tout sans être une grande intelligence, il avait un tour d’esprit assez fin, admirablement adapté au rôle de chroniqueur qu’il s’était donné.

Ses lettres apportent notamment des précisions intéressantes sur les représentations données par Clairon sur le théâtre de Femey. On sait, depuis les travaux de M. J.-J. Olivier (Voltaire et les comédiens interpretes de son théâtre, Paris, 1899, In-8°), que Voltaire attachait une grande importance à ce que l’interprétation de l’artiste traduisît fidèlement la conception du poète. Après la première représentation d’Oreste, au mois de janvier 1750, il était charmé de la manière dont Clairon jouait le rôle d’Electre, et, avec quelques petites corrections, espérait la perfection. Mais ce rôle, qu’il lui faisait déclamer avec une lamentation continuelle et monotone, Clairon l’avait transformé et lui avait donné une nouvelle beauté, en le débitant plus naturellement. Ce ne fut qu’en 1765, à Ferney, pendant la visite de l’actrice, que Voltaire eut l’occasion de juger lui-même de ces modifications. Que sa joie en fût grande, nous le savions déjà par Marmontel baigné de larmes et transporté d’admiration, il s’écria « Ce n’est pas moi qui ai fait cela, c’est elle elle a créé son rôle. (Olivier, o. c., p. ) ) )). Dupan, écrivant deux jours après la représentation d’Oreste, qui eut lieu le 16 août 1765, nous décrit cet enthousiasme, et celui des quarante-cinq dames et des cinquante ou soixante hommes, qu’on avait réussi, on ne