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reconnaissante confraternité que je voudrais présenter quelques remarques sur votre communication du 30 octobre 1934 (1). Tout d’abord une légère mise au point je ne me « propose pas de publier une étude sur la vie théâtrale en province au XVIU~ siècle j’en ai commencé la publication voilà deux ans bientôt. Mais je dois me féliciter que vous ne m’ayez pas lu vous apportez ainsi un témoignage sans prévention, c’est-à-dire précieux.

Vous avez connaissance de représentations dramatiques à SaintOmer dès la fin du xvi" siècle (1593) et pendant tout le cours du xvn~ vous en eussiez relevé certainement un plus grand nombre si des documents essentiels n’étaient point perdus. Entre les représentations de 1677 et de 1689 que vous signalez, il est clair qu’il y en eut d’autres, puisqu’on ) 1682 Févêque exhorta les fidèles, à fuir ta comédie. Le renouvellement de la défense en 1712 atteste encore une vie théâtrale d’une certaine activité, qui n’était pas tout à fait éteinte en 1721 mais après, c’est le silence complet pendant quarante-deux ans vous n’avez rien découvert, et vous trouvez bizarre « inexplicable cette lacune. Or vous ajoutez, sans avoir été prévenu, je le répète, votre témoignage à ceux que j’avais pu recueillir, à celui d’Hécart pour Valenciennes, de Destranges pour Nantes, de Lecoq pour Saint-Quentin, de QuéruauLamerie pour Laval. Cette faille, cette rupture qui vous déconcerte à votre tour, m’apparaît plus que jamais, et grâce à vous, comme un fait constant, normal, dû, sans aucun doute, à des causes générâtes, profondes, que certaines causes locales vinrent tout au plus renforcer. C’est en décembre 1762 et juillet 1763 que Favart a noté dans sa correspondance la brusque reprise de [’activité dramatique il l’attribue à la signature du traité de Paris, et je crois qu’il n’a pas tort. Vous voyez donc que Saint-Omer n’était point en retard. Ce qui me semblerait plus remarquable, c’est que la période de léthargie n’a commencé qu’en 1721 presque partout, dans des villes d’importance à peu près égale, elle débute avant 1700, et dans de grands centres avant )7)0. La vie théâtrale aurait-elle été, pendant le XV! siècle, plus active chez vous qu’ailleurs, pour avoir résisté onze ans de plus ? C’est là que je verrais plus volontiers l’anomalie, résultat de circonstances toutes particulières, qu’il serait bien intéressant d’élucider.

Peut-être la comédie était-elle un amusement fort populaire ? On (1) Voir Bulletin de la Société des Antiquaires de la Morinie, SaintOrner, ~9~, ~e. 294, p. 493’ à 498.,