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Si la chaleur de quelques expressions avait pu présenter une pareille idée à M. le Commandant il était trop au-dessus pour y trouver une injure. Ses sentiments de bonté devaient d’ailleurs user d’indulgence envers un fils qui ne péchait que par jeunesse, par inexpérience du monde où il n’était pas encore entré et enfin le sentiment si louable de l’amour filial.

M. le Maire présente toutes ses considérations à l’esprit et au cœur de M. le Commandant sur qui elles parurent faire impression. Il hésita longtemps à donner une réponse. !t refusa enfin. Mais M. le Maire étant sorti avec le Sr. Lecomte, il les rappela et dit à M. le Maire qu’il allait consulter le Sr. Renouard, prévôt de la maréchaussée et qu’il lui ferait savoir ses dernières résolutions. Elle fut que le Sr. Lecomte serait emprisonné sans autre délai.

M. le Maire, qui en fut instruit, écrivit au Sr. Lecomte pour l’engager à faire rendre son fils en prison. Le Sr. Lecomte obéit. Le même jour, jeudi, il y avait assemblée à l’Hôtel de Ville pendant la séance, M. le Maire fut averti par un brigadier de maréchaussée de l’emprisonnement du Sr. Lecomte fils.

Les officiers municipaux arrêtèrent sur-le-champ d’envoyer deux députés à M. le Commandant pour le prier de relâcher le Sr. Lecomte fils. Ces députés furent M. le Maire et un Échevin. Ils remplirent leur mission pendant la séance ils ne purent rien obtenir malgré leurs offres de donner une soumission par écrit de représenter le jeune homme quand ils en seraient requis. Le Sr. Lecomte père était venu à l’assemblée réclamer les bons offices de la Compagnie, elle avait cru devoir les lui accorder.

C’est ainsi que pour une petite glace cassée par mégarde, tout le spectacle a été troublé, des femmes mises en danger de la vie, des citoyens arrêtés, excédés, maltraités par des militaires respectables qui n’en avaient pas le droit puisqu’ils n’étaient pas en fonctions, ni soit pour en remplir de semblables, et que, par une suite malheureuse, le fils du citoyen le plus grièvement offensé a été encore emprisonné. La modération, l’esprit de sagesse, de conciliation et de paix ont caractérisé toutes les démarches des officiers municipaux, dans tous les temps, vis-à-vis de MM. les gardes du Corps, et surtout dans cette occasion par ces conditions, ils espèrent qu’on rendra justice aux citoyens insultés, Us la demanderont pour eux, et grâce pour un jeune homme plus sensible que coupable.

Au-dessous est la mention "Présenté le 29 juillet 1780» et ont signé C. Florimond Leroux, Maire Laurent, M. Leleu, Letellyer.