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Néanmoins M. Lecomte père revint le lendemain chez M. le Maire se plaindre qu’il n’avait reçu aucune satisfaction. M. le Maire lui conseilla d’aller voir M. de Canisy, commandant. M. Lecomte y fut M. de Canisy lui témoigna combien il était fâché de ce qui était arrivé. M. Lecomte lui demanda une réparation qui lui fut refusée, malgré que les officiers municipaux l’eussent déterminé à se contenter de la moindre. Le Sr. Lecomte désespérant d’obtenir une réparation voulait donner sa plainte au Criminel. M. le Maire qui en fut instruit alla chez M. Lecomte pour l’en dissuader. Il alla aussi chez M. le Commandant, il lui écrivit, et jusqu’à ce qu’il en eût obtenu réponse, il parvint à engager le Sr. Lecomte de suspendre sa plainte au Criminel.

M. le Commandant ne fit point de réponse à M. le Maire.

M. le Major de la Place alla chez M. Lecomte pour l’engager à se désister de son projet de plainte. Le Sr. Lecomte, qui crut voir dans la démarche de M. le Major un attachement au bien des citoyens, s’épancha peut-être avec trop de franchise devant lui M. le Major n’adoucit point l’affaire par la manière dont il rendit les propos du Sr. Lecomte au Commandant. EnSn dans ces circonstances, le jeune fils unique du Sr. Lecomte, plein de l’injure faite à son père, crut qu’il obtiendrait de M. le Commandant la réparation telle que son amour filial l’imaginait il alla le prier de donner réponse à la lettre que M. le Maire lui avait écrite, ce fut jeudi matin il revint chez son père sans avoir rien obtenu.

Le Sr. Lecomte était dans la plus grande perplexité, il désirait une réparation, il croyait se la procurer par la voie d’une plainte à l’extraordinaire.

Il était retenu par la crainte de compromettre celui qui avait cassé la glace. On lui avait fait dire que, dès l’instant que sa plainte serait tâchée, on arrêterait ce particulier et qu’on le tiendrait en prison tout le temps que durerait la procédure criminelle. Il se voyait dans la plus grande peine par le refus que M. le Commandant venait de faire à son fils, mais son affliction devint plus vive encore lorsqu vit entrer dans sa maison, le même jour, jeudi, à une heure après diner, des cavaliers de la maréchaussée qui lui annoncèrent de la part de M. le Commandant l’ordre de mener son fils en prison.

Le Sr. Lecomte courut chez M. le Maire. M. le Maire l’accompagna sur-le-champ chez M. le Commandant, ils le prièrent de leur dire pour quels motifs il faisait emprisonner le fils d’un père si cruellement outragé.

M. le Commandant prétendait que le jeune homme l’avait provoqué,