Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 2, n°5-6.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 72 —

et Nérestan réplique

Grand Dieu~ que de vertu dans cette demoiselle. Le monologue de Zaïre (III, 5) est à la fois abrégé et tourné au grotesque Les chrétiens vont partir pour le Mississipi Et moi dans un sérail restant ensevelie, Je m’en vais m’occuper à peupler la Turquie. Non, je dois suivre un père et ne pas Mcnce)’ Mais quoi? et mon amant? dessus quel pied danser:’ Entre deux selles, oui, je suis le cul par terre. Les vers

Votre CfBUr, par un maître attaqué chaque jour, Vaincu par mes bienfaits, crut l’être par l’amour (IV, 6). deviennent

~o~re camr dans mon lit attaqué chaque jour, Vaincu par le plaisir, crut l’être par l’amour. Au lieu de

Lé sérail est plongé dans un profond silence, Tout dort, -tout est tranquille, et om~re de la nutf. (V, 6). nous lisons

Les étoiles ici sont en bonnet de nuit. Je ne puis être heureux ni souffrir que par elle. se transforme en

Je ne puis être heureux sans coucher avec elle. Assurément cette verve est assez grosse et ne suffirait pas à donner beaucoup d’intérêt à cette parodie, où le texte de la tragédie est suivi d’assez près, sauf la suppression des premières scènes de l’acte III et l’interversion des scènes 3 à 8 du Ve. Du moins y a-t-il là une certaine bonne humeur et un maniement très correct du vers classique qui tranche avec le style souvent barbare d’un grand nombre de pièces manuscrites recueillies par M. de Soleinne. Le dénouement, qui naturellement est heureux, se trouve quelque peu brusqué’; mais il reste sur le ton bon enfant qui caractérise toute la pièce Et pourquoi me cacher de qui vous êtes fille Quel diable de mystère, et quel en est la fin? Ces messieurs ont pensé perdre le goût du pain, Et fous, la belle, aussi. Voyez la belle cnute/ Vous Français, au sérail, allez chercher des filles; Nérestan, prends-en trois et prends les plus gentilles; Demeurez tous chez moi; faites-moi ce plaisir; Orosmane est heureux, tout doit s’en ressentir.