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les notes de Jelgerhuis mettent continuellement les deux troupes en parallèle et, en bien des cas, c’est à ses compatriotes qu’il donne la palme. M"~ Wattier dépasse, et de bien loin, M’~ Duchesnois tout en elle est bienséance pittoresque » si, dans Rhadamiste et Zénobie, l’actrice parisienne lui para!t moins mauvaise, "c’est peut-être, ajoute-t-il peu galamment, parce que je ne la pouvais comparer à notre Wattier dans ce rôle ». Talma lui-même paraît inférieur parfois Andries Snoek, en particulier dans le rôle d’Orosmane. Passé et Ward Bingley ne le cédaient pas non plus au grand tragédien. On sent fort bien, dans ces notes, que l’amour-propre national, un peu piqué, cherche à se défendre. Mais on aperçoit également un désaccord d’un tout autre genre et plus intéressant pour l’histoire théâtrale. Jelgerhuis qui est peintre, est choqué de toutes les erreurs, fautes et contresens que commettent les Français, dans tout ce qui regarde la mise en scène et le costume. Faste de mauvais goût, respect insuffisant de la vérité historique, même de la vérité matérielle la plus élémentaire voilà ce qu’il reproche constamment à tous, à Talma comme aux autres. Aricie, dans Phèdre, portait une robe de gaze blanche pailletée et bordée d’or, un sous-vêtement de coton blanc également garni de bordures d’or. Comment peut-on errer aussi grossièrement ? J’aurais crû que ces gens qui sont parfaits, auraient supprimé tout ce clinquant ». Le costume d’Oreste portait également des bordures par trop éclatantes, il était d’ailleurs plus romain que grec. « Je ne crois pas, ajoute Jelgerhuis, que les Grecs portaient des barbes aussi longues que les Romains et il remarque également qu’Achille était blond et que Talma, dans Iphigénie, le représentait avec une perruque noire. Même faute dans Zaïre Orosmane était habillé et chaussé en rouge, alors que le vert est la couleur des descendants du Prophète Hamlet était vêtu en Polonais et non en Danois. Il est vrai que, dans cette pièce, Jelgerhuis l’avoue, les costumes des Hollandais n’étaient pas plus exacts, encore qu’ils fussent tout différents.

Ce qui choquait plus encore, c’était de voir les comédiens français négliger complètement les indications les plus précises, les plus formelles de l’auteur Zaire, au dernier acte, mourait sur la scène, alors que Voltaire écrit qu’elle tombe dans la coulisse. On faisait bon marché du décor lui-même les acteurs pénétraient par les murs, entraient en scène entre deux portants, bien qu’il y eût des portes « L’art de la peinture défend aux acteurs de passer par les coulisses et l’autorité de la peinture est extrêmement grande sur la scène »

Il est assez piquant de voir adresser de pareilles critiques à l’un des acteurs qui contribuèrent le plus à faire respecter la vérité historique sur