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Le 12 octobre, le couple impérial assiste réellement à la représentation. Ecoutons encore le Courrier d’Amsterdam

A huit heures et demie, LL. MM. sont entrées dans leur loge, et cette fois le spectacle était dans la salle c’était un coup d œit magnifique que celui d’une immense assemblée se levant tout entière, répétant ces cris spontanés de Vive l’Empereur Vive Marie-Louise et agitant dans les airs des branches de lauriers lorsque l’enthousiasme des spectateurs a permis d’entendre autre chose que leur voix, l’orchestre a exécuté t’air Où peut-on être mieux. Les cris de Vive l’Empereur » ont éclaté de nouveau, et Sa Majesté s’est penchée sur le bord de sa loge, et semblait dire, par son sourire affectueux « Oui, je suis au milieu de mes enfants

Talma et M"~ Duchesnois ont joué avec leur talent accoutumé. mais, par respect, on ne les a pas applaudis à la fin de chaque acte les témoignages de la joie publique se manifestaient par des explosions unanimes que rien ne pouvait comprimer et qui se renouvelaient d’une manière si vive que LL. MM. pouvaient facilement s’apercevoir qu’elles étaient en France. Après le 4e acte, l’Empereur et l’Impératrice se sont retirés. LL. MM. avaient été accueillies par l’allégresse et le bonheur, elles ont été reconduites par la reconnaissance et le regret. » Le Courrier d’Amsterdam ne nous dit pas si à cette représentation collabora M"~ Millière, une danseuse parisienne qu’on avait fait venir exprès et qui devait danser avec M’ Polly, danseuse du Théâtre Hollandais. On a pu voir d’ailleurs qu’au milieu de ses flagorneries, le gazetier mentionnait à peine les artistes il n’avait eu d’oreilles que pour les acclamations spontanées qui avaient sa)ué les souverains. Dans leur baraque, sur le Leidsche Plein, les comédiens hollandais se piquèrent d émutation ils jouèrent des pièces du grand répertoire français où ils avaient l’occasion de montrer les talents de leurs principaux camarades Abufar (5 octobre), l’Abbé de l’Epée (7 octobre), Hamlet, de Ducis (9 octobre), au lieu de Amélie ou Le Duc de Foix qui avait été annoncé. Le 23 octobre, l’Empereur avait daigné assister à la représentation. On donna Phèdre, précédée d’une pièce de Pigautt-Lebrun L’Epreuve ou Les jeunes mariés. Bien qu’il ne comprit pas le hollandais, Napoléon fut tellement enthousiasmé par le jeu de M°"’ Wattier-Ziesenis qu’il la nomma sur-le-champ pensionnaire du Théâtre Français, avec une pension de 2.000 francs.

Tout porte à croire que les acteurs hollandais avaient voulu montrer qu’ils pouvaient soutenir la comparaison avec leurs rivaux. Du moins