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d’un phénomène général de grande importance. Rappelons une fois de plus, et ce ne sera pas la dernière, que l’histoire théâtrale n’est pas exclusivement l’histoire de la littérature dramatique, ni celle des techniques de la scène, mais encore l’histoire des conditions économiques, sociales, politiques, dans lesquelles le théâtre a dû vivre, l’histoire des mouvements d’opinion qu’il a pu déterminer, ou manifester, ou amplifier par sa publicité. La matière, on le voit, ne manquera pas de sitôt.

Mais les documents ? Reconnaissons qu’il n’est pas toujours facile de les découvrir. Bien des villes ne mentionnent le passage des comédiens qu’au milieu des incidents multiples de la police quotidienne, tapage nocturne, vente à faux poids ou contraventions de voirie ; quand l’hospice ou quelque institution charitable perçoit un droit des pauvres, cette recette accidentelle risque de passer inaperçue au milieu d’autres plus importantes et plus régulières. Comment retrouver, dans la masse des minutes notariales, les baux et marchés passés par les directeurs ? Ou bien, dans les innombrables registres paroissiaux, le baptême des enfants de comédiens, les renonciations faites soit avant le mariage, soit à l’article de la mort ? Car ces comédiens de province tenaient bien plus qu’on ne croit d’ordinaire à ce que leur union fût bénie, ou que leur corps ne fût pas jeté à la fosse des suppliciés.

Voilà quelques-unes des sources qu’il faudrait essayer d’exploiter méthodiquement, malgré les difficultés indéniables. Tous les indices, quelle que soit leur apparente pauvreté, méritent qu’on les recueille et qu’on les fasse largement connaître. Rien de plus légitime que de vouloir réserver à ses compatriotes immédiats la primeur de ses trouvailles ; mais que cet amour, respectable, de la petite patrie, ne soit pas exclusif. Les comédiens ont toujours été