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Les premières appartiennent à la Ville, à l’État, à de grandes Sociétés ou Associations, qui les consacrent à l’usage où à l’agrément du public.

Par leur caractère d’utilité générale et leur existence en pleine lumière ces œuvres sont connues de tous ; elles ont fait l’objet de publications dans lesquelles elles sont depuis longtemps décrites et cataloguées ; leur histoire est faite, leur existence ordinairement assurée, souvent par les soins de nos artistes les plus éminents, d’hommes en tous cas dont l’opinion consciente et éclairée est la meilleure garantie de leur entretien et de leur conservation.

L’attention publique est toujours en éveil à leur égard, et, si l’un de ces édifices était menacé d’une destruction partielle ou totale, nous n’aurions certes besoin d’aucun classement pour nous en émouvoir et joindre notre voix aux protestations de toutes sortes dont une pareille destruction aurait à triompher avant de devenir un fait accompli.

Ce classement néanmoins doit être entrepris pour que notre Société, dont ces Monuments seront la plus haute et la plus constante préoccupation, en ait sous les yeux une nomenclature méthodique et complète qui permette à sa vigilance de s’exercer sans aucune recherche préliminaire.

C’est d’ailleurs, un travail possible à accomplir par le seul dépouillement des documents existant sur les domaines de l’État, de la Ville et des compagnies propriétaires. Le concours de quelques bonnes volontés désignées ou s’offrant à cet effet et se concertant en viendrait facilement à bout. Une Commission pourrait être nommée dans ce but et réunirait sans peine parmi les membres de notre Société toutes les compétences nécessaires pour l’accomplissement de ce travail.

La question est un peu plus complexe et ardue en ce qui concerne les œuvres présentant un caractère privé. Bien souvent ignorés du public, inconnus ou méconnus de ceux qui les possèdent, ces Monuments particuliers voient terminer par une destruction obscure une existence plus obscure encore ou négligée de ses témoins inconscients. Ils sont, en effet, soumis à un pouvoir unique et absolu ; la volonté, le caprice même, décide souverainement de leur sort. Les faire connaître, en révéler la valeur au public, souvent aussi à leurs possesseurs eux-mêmes, est un des buts que nous voulons poursuivre en commun.

Ensembles complets ou simples fragments, œuvres d’art pur ou