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de Paris, Pierre Le Jumeau[1]. Ce dernier, méconnaissant le droit du tribunal ecclésiastique, avait fait pendre, sans instruction préalable, Philippe Barbier, écolier originaire de Rouen, qui, dans une querelle, avait grièvement blessé un Lombard. À la suite de cela, les leçons furent suspendues dans toutes les facultés et, le 7 septembre 1304, l’official de Paris ordonna à tous les curés de la ville de se réunir le lendemain 8 à l’église de Saint-Barthélemi, à l’heure de tierce, pour aller de là, processionnellement, avec la croix et l’eau bénite, à la maison du prévôt, contre laquelle on jetterait des pierres, en criant : « Retire-toi. Retire-toi, maudit Satan. Fais réparation d’honneur à ta mère la sainte Église que tu as déshonorée et blessée dans ses privilèges. Autrement, puisses-tu avoir le même sort que Dathan et Abiron, que la terre ensevelit tous vivants. » Philippe le Bel, pour apaiser l’Université, donna ordre de dépendre le corps de Philippe Barbier, qui fut solennellement enterré chez les Frères Prêcheurs de Paris. Le prévôt dut accompagner la bière et à tous les carrefours, mettant la main dessus, dire : « Bonnes gens vecy le clerc que, à tort et sans nulle cause, j’ay fait mourir ; priez pour luy. » Le roi déplaça ensuite Pierre Le Jumeau, qui fut envoyé à Lille[2], et, par lettres du mois de novembre 1304, assigna sur le Trésor royal quarante livres tournois de revenu pour la fondation de deux chapellenies à la nomination de l’Université[3]. Les leçons, qui avaient été suspendues, furent reprises le 3 novembre.

Si au Moyen Âge, comme on a pu le voir par toutes ces fondations de collèges, on cherchait à instruire le peuple, on ne se préoccupait pas moins de le soulager dans ses misères par la fondation d’hôpitaux et d’établissements charitables. La plupart de ceux que l’on trouve à Paris sous Philippe le Bel y avaient été fondés avant son règne ; tels sont : l’Hôtel-Dieu, les Quinze-Vingts, les hôpitaux de Sainte-Catherine, des Mathurins, de la Trinité, de Saint-Gervais. Sous ce règne, on peut signaler la fondation de l’hôpital Sainte-Avoie, qui fut élevé en 1288 par Jean Séquence, chefcier de Saint-Merry, et une pieuse femme, Constance de Saint-Jacques, pour y recueillir quarante pauvres veuves[4] ; celle de la Maison-Dieu Saint-Eustache, fondée vers 1299 par Philippe de Magny au coin de la rue Tiquetonne et de

  1. Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XI, p. 15-17 ; Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. II, p. 116, no 650 ; Grandes Chroniques, éd. J. Viard, t. VIII, p. 236.
  2. Rec. des hist. de France, t. XXIV, 1re part., p. 32*.
  3. Denifle et Chatelain, op. cit., t. II, p. 118, no 653.
  4. Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris, t. III : Quartier Sainte-Avoie, p. 5 et 6.