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était alors partagée entre deux îles inhabitées : l’île Notre-Dame, derrière Notre-Dame et qui était la propriété du Chapitre, et l’île aux Vaches, qui se trouvait du côté de l’île Louvier ; cette dernière n’existe plus aujourd’hui ; elle fut réunie vers l’Arsenal.

Si les quartiers de la rive droite étaient surtout habités par le commerce et la riche bourgeoisie et si les étudiants peuplaient la rive gauche, il n’en est pas moins vrai que, sous Philippe le Bel, bon nombre de Parisiens vivaient encore de la vie agricole. À cette époque, Paris était un centre viticole important ; on y trouve de nombreux clos sur la rive gauche, tels que le clos Maubert, du côté de la place de ce nom ; le clos Saint-Symphorien, près de Saint-Étienne-du-Mont ; le clos Saint-Victor, du côté de la Halle aux vins ; le clos du Roi, vers Notre-Dame-des-Champs ; et encore, au mois d’août 1335, Philippe de Valois amortit six arpents de vigne sis en ce clos, afin de permettre aux maîtres et aux frères de l’hôpital de Saint-Jacques-du-Haut-Pas d’y fonder un hôpital et une chapelle[1]. De même que le roi avait son cellier à Paris, il y avait aussi son grenier et, dans le Livre des métiers d’Étienne Boileau[2], on parle du bourgeois de Paris qui vend le blé de sa terre. Une preuve de la persistance de la vie agricole sous Philippe le Bel est que, le samedi après la Toussaint 1291, le roi dut encore faire crier que nul ne tint « pourciaux dedenz les murs », bien que déjà, en 1280, on ait défendu de « nourrir pourceaux dedans les portes de Paris[3] ».

Sous Philippe le Bel, la majeure partie du commerce était entre les mains des Italiens ou Lombards. Plusieurs d’entre eux jouèrent même un grand rôle dans l’administration des finances, tels les frères Bicchio et Musciato Guidi, bien connus sous les noms de Biche et Mouche. À la tête d’une grande banque et ayant presque le monopole du commerce des laines, ils furent trésoriers de Philippe le Bel en 1294 et 1295[4]. Un autre Italien, originaire de Lucques, Betin Cassinel, demeurant en la Cité, place Saint-Michel, fut maître de la Monnaie de Paris[5]. Beaucoup de ces Italiens demeuraient surtout dans les paroisses Saint-Merry, Saint-Jacques-de-la-Boucherie, Saint-Jean-en-Grève, Saint-Paul et dans la Cité[6]. La plupart venaient de Venise, de

  1. J. Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois, t. I, p. 220.
  2. Éd. de Lespinasse et Bonnardot, p. 19.
  3. Voir Marcel Poète, Une vie de Cité : Paris de sa naissance à nos jours, t. I, p. 244.
  4. Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 12 à 20 et 101.
  5. Voir Journaux du Trésor de Philippe le Bel, à la table à Bertinus Caucinel, et C. Piton, Les Lombards en France et à Paris, p. 114.
  6. H. Géraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 1 à 4.