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pratiqués avec suite et intelligence, n’a commencé que vers la seconde moitié du XVIIIe siècle ; antérieurement, on s’en rapportait à l’aveugle hazard, du soin d’enrichir nos jardins et nos vergers de variétés nouvelles. Cette vérité est rendue évidente par la lecture des auteurs qui ont écrit sur la pomologie dans les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle. Lorsque dans leurs ouvrages on fait mention de l’origine d’un fruit, on l’indique comme ayant été trouvé dans les haies ou les forêts ; là sans doute la nature l’avait produit par des germes apportés accidentellement ; de là vient l’étymologie de la dénomination de Bezi ou sauvageon, si souvent employée dans les anciens catalogues ; une grande partie des fruits acquis et cultivés depuis deux à trois siècles, lesquels sans doute étaient trouvés bons à leur origine, ont été successivement abandonnés comme mauvais, car non seulement le goût s’est épuré, on est devenu plus exigeant, mais beaucoup de fruits anciens ont dégénéré. La théorie posée par Van Mons sur la dégénération des variétés, est maintenant bien connue, et appuyée sur des faits irréfutables.

« Actuellement encore, nous voyons cultiver partout des fruits ne valant guère mieux, et qui devraient être supprimés, si l’apathie et la routine n’y mettaient obstacle.

« Reste un petit nombre de variétés anciennes d’une bonté et d’un mérite incontestables. Malheureusement, dans le poirier surtout, les plus importantes ne peuvent convenir qu’a la culture de luxe, c’est-à-dire aux jardins, qui, entourés de murs, leur procurent l’abri de l’espalier, abri nécessaire à ces arbres par suite de la sensibilité des variétés et souvent à cause de leur origine plus méridionale que notre climat.

« Enfin, des pomologues zélés, en France, en Belgique, aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne ont consacré leur temps et leurs soins à la recherche et à la production de variétés régénérées, réunissant la qualité au volume, la vigueur des arbres à une fertilité convenable pour la grande culture ; le besoin s’en faisait vivement sentir, et nous pouvons affirmer que ce but est maintenant atteint en grande partie.

« La Belgique peut s’honorer d’avoir produit un grand nombre de ces hommes utiles, et notamment, le premier de tous, le professeur Van Mons. Ses semis, poursuivis sur une vaste échelle, basés sur des théories que nous n’avons pas à apprécier ici, ont enrichi la Pomone moderne de centaines de variétés plus ou moins précieuses. Parmi ses continuateurs, Bouvier, de Jodoigne, mort également, ajouta un beau contingent aux catalogues de son ami. Plusieurs autres pomologues continuent ce genre de conquêtes et ajoutent sans cesse de nouvelles richesses à celles que nous possédons. Il faut citer surtout MM. Esperin, de Malines ; Bivort, de Geest-St-Remi ; Grégoire, de Jodoigne ; Berkmans, de Heyst, etc…