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d’ordre fonctionnera en Sibérie, et dans l’Extrême-Orient russe, il s’établira entre ces pays et le Japon un courant d’échange commercial, bien différent de celui existant avant la guerre. Le Japon, devenu un pays industriel, pourra leur fournir toutes sortes de produits à des conditions bien plus avantageuses que celles de l’Amérique et de l’Allemagne ; en échange, il en recevra des matières premières qu’il ne possède qu’en quantités insuffisantes, telles que fer, charbon, naphte, ou de l’or, des fourrures, des bois, sans compter ce qu’une agriculture plus développée sur un sol très fertile pourra encore fournir pour l’exportation. Il pourra donc y avoir dans l’avenir entre la Sibérie et le japon une collaboration fructueuse pour les deux pays, alors que celle-ci, du temps des tsars, ne pouvait exister, par suite des nombreuses entraves mises par les ordres formels de Pétersbourg.

La déclaration du Baron Shidehara à la Conférence de Washington sur la politique japonaise en Sibérie, faite à la séance plénière de la Commission de l’Extrême-Orient, le 23 janvier 1922, termine cette brochure.

Après avoir rappelé les origines et les motifs de l’expédition militaire japonaise en Sibérie, en 1918, d’accord et en coopération avec les troupes américaines, l’éminent diplomate japonais a exposé que, si son Gouvernement était désireux de mettre un terme au maintien des troupes impériales dans un pays étranger, après le départ en avril 1920 des dernières colonnes tchéco-slovaques, et à supprimer ainsi une très lourde charge pour le trésor de l ’Empire, il devait prendre en considération certaines questions : d’une part, le nombre important de ses nationaux à Vladivostok et dans les provinces maritimes dont il fallait assurer la sécurité dans leurs personnes et leurs biens ; de l’autre, la nécessité de mettre la frontière coréenne à l’abri des conspirations de certains révoltés coréens qui n’attendaient qu’une occasion favorable pour renouveler, avec l’aide des éléments sans foi ni loi de la Russie, les actes de pillage et les meurtres commis en 1920. En outre, son Gouvernement ne pouvait se désintéresser des incidents survenus en 1920 à Nikolaievsk où plus de 700 Japonais, y compris des femmes, des enfants, le Consul japonais dûment accrédité et sa famille, avaient été odieusement massacrés, ce qui avait amené l’occupation provisoire de la partie russe de Sakhaline à titre de représailles en attendant l’établissement en Russie d’une autorité responsable devant fournir les satisfactions légitimes.

Malgré tout, le peuple japonais continue à s’intéresser aux efforts des Russes patriotes qui aspirent à la restauration de l’unité et de l’intégrité de leur pays ; aussi, en concluant, Baron Shidehara a-t-il déclaré que « le Japon est fermement résolu à respecter l’intégrité territoriale de la Russie et à continuer d appliquer le principe de non-intervention dans les affaires intérieures de ce pays, ainsi que le principe des facilités égales pour le commerce et l’industrie de toutes les nations dans toutes les parties des possessions russes ».

Cette déclaration très nette devrait être retenue par les politiciens et