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2. — Grenier à sel.

C’est au grenier à sel de la Haye que les habitants du Grand-Pressigny étaient obligés de recourir pour leur approvisionnement.

Les impôts qui frappaient le sel, connus sous le nom de gabelle, paraissaient d’autant plus lourds aux consommateurs de notre contrée que la province limitrophe, le Poitou, en était affranchie ; aussi, la surveillance était-elle des plus grandes sur le bord de la Creuse, ce qui n’empêchait pas la contrebande de s’exercer activement. Les gens de la gabelle intéressés à réprimer la fraude se portaient souvent à des extrémités fâcheuses contre les délinquants, et la note suivante inscrite sur les registres de l’état-civil de 1625 vient témoigner de la rigueur déployée en pareille circonstance par l’un des agents du fisc.

« François Gabelin, de la paroisse de Ferrière-Larçon, fut trouvé noyé dans la rivière de Claise, près le gué appelé la Croix. On dit qu’il fut contraint se jeter dans l’eau pour espérer se sauver avec autres de sa compagnie, d’entre les mains des archers du sel, et à cause de l’eau qui était trop grande, se précipita en une grande fosse où cet archer l’avait toujours pour suivi bien qu’icelui Gabelin lui tendit la main afin de le retirer, ce que l’archer ne voulut faire, ains au contraire lui présenta le bout de sa carabine disant qu’il le tuerait, et aussi icelui se noya. »

Dix ans plus tard, Simonne Manceau, veuve de René Bouzier, demeurant en la paroisse de Leugny, cédait à Etienne Giron, sergent de la baronnie de la Haye, demeurant à Abilly, tous les droits et actions tant civils que criminels qu’elle pouvait avoir à prétendre contre les adjudicataires des gabelles de France, à raison « de l’assassinat et homicide commis en la personne dudit défunt Bouzier, au mois d’avril 1634, par les nommés