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Nigeria. — Le dernier des grands émirs de la Nigeria du Nord, l’émir de Hadagia, vient de faire sa soumission aux Anglais. L’émir occupait un territoire à sept jours de marche au nord de Kano, près de la frontière française, sur la grande route de caravanes de Kano à Tripoli.

On a construit dans la Nigeria du Nord une nouvelle route de douze pieds de large, qui unit Zungeru à Zaria. Elle est longue de 159 milles et constitue un tronçon de la grande route qui ira de Zungeru à Kano et à Kalsena. Cette grande route commerciale, de 350 milles de longueur, sera finie dans quelques mois. Elle permettra d’aller de la capitale jusqu’à peu de distance de la frontière française, sur les confins du Sahara.


Cameroun.Anvers, 8 août. Les passagers de la malle congolaise Anversville, qui rentrent du Cameroun, confirment l’affaire du Missou-Missoun (violation de la frontière du Congo français par les Allemands du Cameroun). Ils se font également l’écho d’un bruit d’après lequel une tribu indigène (Niems) aurait attaqué une autre tribu et lui aurait tué un grand nombre d’hommes qui auraient été ensuite mangés. Huit colons allemands auraient péri dans l’affaire.


Sud-Ouest africain allemandLa campagne contre les Herreros. — Un grave dissentiment a éclaté, dit le Berliner Tageblatt, entre le général de Trotha et le chancelier de Bülow.

Voici les faits : Le général de Trotha adressa, le 2 octobre 1904, une proclamation aux Herreros, où il annonçait que « tout Herrero armé ou non, que toute femme et tout enfant herrero, qui s’aventureraient dans les territoires qu’ils occupaient avant la guerre, seraient fusillés ». Le général de Trotha avertissait en même temps, par une seconde proclamation, les troupes qu’elles n’eussent à faire aucun quartier aux prisonniers, qui devaient tous être massacrés ; quant aux femmes et aux enfants, les troupes devaient se contenter de les effrayer en tirant en l’air.

Malgré la cruauté inhérente aux guerres coloniales, les journaux allemands ont été unanimes à trouver que le général de Trotha dépassait les bornes. Tel fut aussi l’avis du chancelier de Bülow, qui se hâta de câbler au général d’épargner les prisonniers et les prisonnières sans armes. Trois mois après, dans une lettre adressée au Windhoeck Nachrichten, le général de Trotha attribua à l’édit de grâce du chancelier la responsabilité des nouveaux pillages.

Le Berliner Tageblatt conclut que le général de Trotha a