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de 4.000 fr. Par un défaut de connoissance et de goût, Monsieur Le Febvre fit accord avec Courtray, menuisier de Seclin, pour ce bel ouvrage, à charge que le menuisier fourniroit le tableau qui le décore ; le menuisier, qui avoit prodigué son bois dans la construction de la chapelle pour gagner plus d’argent, ne manqua point d’employer le peintre le moins cher pour faire le tableau.

« Cette chapelle presque unique dans son espèce, qui est portée jusqu’à la voûte qu’elle couvre, mérite d’être démontée parce qu’elle rétrécit l’église plus qu’elle ne l’orne ».

Chauffoir, sacristie, noviciat, chapitre, nouveau quartier abbatial : « M. Le Febvre eut la gloire d’achever tous les batimens de l’abbaye » (p. 213).

1778 (p. 291). « Pendant l’été, M. l’Abbé (Alexandre Doresmieulx) fit faire des alcoves, des bûchers et des cheminées dans toutes les chambres du dortoir, exceptez dans deux chambres qui n’étoient point susceptibles de cet arrengement et qui restent pour y loger les religieux diacres. Je fis les vers suivans à ce sujet :

« Noscite vos omnes in nostro præsule patrem,
Qui dum sævit hyems donat gaudere camino.
Sic canescenti patefit mihi longior ætas :
Igne enim morbi fugiunt algensque senectus ».

« 1779. - Pendant cette année, Monsieur l’Abbé fit faire le grand positif qui est dans notre église, par le sire Blanchart, facteur d’orgues établi à Arras. En même temps, Monsieur l’Abbé fit arrenger les quatre chapes blanches par le sire La Vallée, brodeur d’Arras ; de même que les sièges des chantres, ceux des chapelains, celui du grand bailli et plusieurs tabourets pour le fiscal et les domestiques qui servent aux offices d’abbé  ».

Hélas ! douze ans plus tard l’abbaye était supprimée ; sa grande église neuve devait bientôt être rasée et le pauvre Dom Wartel, comme ses frères, quittait bien malgré lui la belle chambre à cheminée, alcove et bûcher qui avait inspiré à son amour du bien-être de reconnaissants vers latins !

Seules, les deux tours jumelles continuaient à dominer la plaine d’Artois, jusqu’aux jours néfastes où le canon des barbares devait en faire des ruines croulantes. Sic transit gloria mundi.

Glanons encore quelques notes diverses.

Pierres d’Acq. — (p. 7). « M. le comte de Brandt de Marconne, seigneur d’Escoivres, fit fouiller au pié de ces masses énormes, en 1763, croyant y trouver quelqu’inscription, des monnoyes, ou quelqu’autre monument propre à éclaircir ce point d’histoire, mais il fut frustré de ses espérances ».

Vignoble du Mont-St-Eloy. — (p.121). — « Nous avons vu l’abbé Hay (1542-1544) faire entourrer de murs le vignoble de St-Eloy, et cette dépense étoit plus qu’inutile, car l’abbé De le Ruelle (1544-1573) fit arracher le plan de ce vignoble, pour le bien de sa maison, parce que son entretien coutoit plus que le rapport du vin chétif qu’il donnoit.

« Ce vignoble qui avoit été planté du temps de l’abbé Désiré en 1208, est celui, selon toute apparence, qui a subsisté le plus longtemps en Artois. Le penchant du Mont-St-Eloy, où ce vignoble étoit placé, est exposé au midi, le terrein en est sablonneux et peut-être le plus convenable pour la culture des vignes qui se trouve dans la province ; cependant le vin n’y réussit pas.