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Il devint un architecte suivi. Non seulement il a bâti la maison et l’église de St-Eloy, mais aussi les abbayes de Bergues-Saint-Vinoc, de Cercamp[1], de Wœstines, les prieurés d’Aubigny, du Perroy, de Rebreuves en partie, et quantité d’autres édifices et châteaux ».

Le dortoir, commencé en 1734, était déjà habité en 1739. Puis furent faits les quartiers du grand-prieuré et des officiers, etc. (p. 171).

L’abbé Roussel fit faire le tabernacle « et quatre chandeliers d’argent qui servent aujourd’hui. Le tabernacle eut le malheur d’être fait par un orfèvre de Lille, qui n’avoit point de fortune et qui étoit hors d’état de travailler en grand. On lui donna beaucoup d’or et d’argent pour n’avoir que du bronze doré. Parmi les pièces d’argenterie qu’on donna à cet orfèvre, on regretta surtout une statue de la Vierge, qui étoit de demie grandeur naturelle, et très bien coulée. On fit faire à Bruxelles une chasuble et deux tuniques d’or et d’argent, qui coûtèrent mille écus ».

L’abbé Roussel tomba malade en 1750 (p. 180). « On lui annonça que la vielle église menaçoit ruine et quil falloit en bâtir une autre. Il bénit les fondations et mit la première pierre de la nouvelle église au printemps de 1751 ». On construisit, en attendant, une « nouvelle église postiche » sous la direction de M. Gruyelle : on y plaça les stalles de l’église basse (crypte) ; on y fit aussi un petit clocher provisoire, et l’horloge fut montée dans une tour qui subsistait encore près de la porte de l’abbaye.

Martin Le Febvre, abbé en 1753, mort le 22 janvier 1776 (p. 191), « continua à faire bâtir la magnifique église que M. Roussel avoit laissée à hauteur des premières fenêtres ».

1758 (p. 201). — « Arrivée de Monsieur Chevalier, peintre de Paris, de l’Académie de Saint-Luc, qui excelloit dans le portrait. Ce peintre avoit fait un accord avec Monsieur l’abbé pour peindre toute la communauté, à 100 francs par tête, moïennant que Monsieur l’abbé payeroit la toile et les couleurs en sus ; de plus, ce peintre fut nourri, blanchi et éclairé comme nous depuis le mois de mai 1758 jusqu’au mois d’aoust de 1761, qu’il fit poser son tableau au-dessus de la porte du réfectoire. Ce tableau, qui représente la communauté présentant le plan de la nouvelle église à Monsieur l’Abbé, est d’une monotonie disgracieuse ; l’ordonnance et l’exécution assez mal entendus ; les portraits n’ont qu’une fausse ressemblance. Ce qui témoigne qu’on peut exceller en petit, et n’être que fort médiocre en grand. Enfin le pauvre Chevallier paroît très mince devant le riche Clause. Ce tableau contenant 44 têtes a donc coûté 4.400 livres, sans la toile, la couleur et l’appréciable nourriture du peintre ».

1765 (p. 211). « Ce fut le 14 de septembre 1765, samedy, jour de l’Exaltation de Sainte Croix et veille de la dédicace de l’ancienne église de Saint Eloy, que Monsieur Le Febvre eut la satisfaction de bénir la nouvelle église qu’il avoit heureusement achevée. Cette cérémonie s’exécuta après primes, au bruit des petits canons ».[2].

On posa autour du chœur (p. 212) de belles grilles, « On posa autour du chœur de belles grilles, faites par Hubert Le Clerc, habitant et ferronnier de Saint-Eloy, sauf celle de l’entrée du chœur, faite par le sire Maniette, ferronnier d’Arras. - Le maître-autel, la chapelle du cul de lampe et les deux autels qui se trouvent à côté. Deux autres petits autels qu’on voit dans les caroles viennent d’Aubigny ; ils se trouvoient derrière les formes dans la chapelle du Prieuré. - La chapelle du cul de lampe sert de chapelle abbatiale ; elle a coûté plus

  1. Noter ce renseignement sur l’abbaye de Cercamp, dont le quartier abbatial existe encore.
  2. Il sera parlé plus loin de ces petits canons.