Page:Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, tome 6, 1935.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée


« Veut-on savoir le nom de la personne.
Courant la poste entre Roye et Péronne,
A qui vient d’arriver le dernier des malheurs ?
- Oh ! oh ! dira le démon des plaideurs,
C’est mon bras droit, le seigneur de Marconne  »

Qui n’entend qu’une cloche, n’entend qu’un son. Peut-être, si le comte de Brandt avait laissé des mémoires, les faits qui précèdent seraient-ils exposés de tout autre façon.

Mais il est temps de rentrer dans le domaine plus purement archéologique, qui est le nôtre, et d’extraire de la chronique tous les détails qu’elle renferme sur l’église, le monastère et les œuvres d’art diverses. Voici d’abord des données intéressantes sur la belle église gothique du Mont-St-Eloy et sa crypte (p. 55) :

« 1219. — Richard succéda aux vertus ainsi qu’à la dignité de l’abbé Désiré[1] ; il fit travailler tant de bras à l’église que son prédécesseur avoit commencée, qu’il l’acheva en deux ans[2].

« Cette église subsista 529 ans ; Monsieur l’abbé Roussel la fit démolir en 1750. Elle ne fut jamais achevée sur le plan qu’on s’étoit proposé de suivre. Il n’y avoit qu’un chœur, qui étoit accompagné de deux nefs tronquées, qui ne l’excédoient point en longueur. Dans ces nefs, il y avoit quatre chapelles. Le sanctuaire étoit ample, le grand autel s’y trouvoit posé à la romaine, et derrière cet autel s’en trouvoit un autre qui couvroit le cul de lampe[3]. Sous le sanctuaire il y avoit une petite église basse, soutenue par deux rangs de colonnes de pierres bleues. Si cette église eût été achevée sur le plan proposé, elle auroit formé un édifice aussi grand que celui de la Cathédrale d’Arras. Le clocher, qui avoit une flèche fort haute, étoit entre le chœur et le sanctuaire. Cette église étoit hardie ; elle étoit entourée de deux fenêtres l’une sur l’autre[4] qui l’éclairoient beaucoup et qui étoient d’une hauteur extraordinaire. Ce qu’il y a de surprenant, c’est qu’on a remarqué en la démolissant qu’elle n’avoit pas trois piés de fondation dans beaucoup d’endroits où le bâtiment se trouvoit établi sur le sable »[5].

Cette courte description est tout ce qu’on a de plus précis sur ce bel édifice si complètement disparu et dont il ne reste aucun dessin ou plan.

À une date que Dom Wartel ne précise pas, mais qui se place en 1261[6], « St Louis fit présent [à l’abbé Jean de Barastre] d’une épine de la couronne de Notre Seigneur et de beaucoup d’autres reliques. Il lui envoya aussi une chasuble et deux

  1. Ou plutôt Didier, abbé de 1208 à 1219.
  2. C’est une manière de parler ; l’auteur va nous dire lui-même que cette église était incomplète , ne comprenant qu’un vaste chœur, sans nef ni transsept.
  3. C’est la disposition qui existait à l’ancienne cathédrale d’Arras, et tout récemment encore à Saint-Wulfran d’Abbeville. Cul de lampe signifie ici abside.
  4. C’est-à-dire deux rangs de fenêtres superposées.
  5. Cardevacque (L’Abbaye du Mont-St-Eloy, p. 36), donne à peu près les mêmes détails en citant Doresmieux, Chronique manuscrite du Mont-St-Eloy. Dom Wartel aurait donc démarqué ici Doresmieux. — C’est par erreur que j’ai écrit (Epigraphie, t. VIII,p. 331) que Cardevacque n’avait rien su de tout cela.
  6. A. de Cardevacque. L’Abbaye du Mont-St-Eloi, p. 46, citant Rayssius, Hierogazophylacium Belgicum, qui donne le texte de la charte du saint Roi, du lundi avantSt Mathieu. 1261.