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(TRADUCTION)

En….. [1] çaka, année du Lièvre, par ordre [2] de Kamraten An Maharaja çrīmat Trailokyarājamaulibhūsanavarmadeva, le 3e jour de la lune croissante de Jyestha, mercredi, le Mahāsenāpati Galānai (?) qui gouverne le pays de Grahi, invita le Mraten çrī Nāno à faire cette statue. Le poids du samrit est 1 bhāra 2 tula et la valeur de l’or (employé pour la dorure) est 10 tamlin. Cette image a été érigée afin que tous les fidèles s’en réjouissent, la vénèrent et l’adorent ici….. obtiennent l’omniscience…..


Cette courte inscription est fort instructive.

En premier lieu, elle nous permet d’identifier le pays de Kia-lo-hi. Il n’est pas douteux, en effet, que ce pays ne soit identique au sruk Grahi mentionné dans l’inscription. Kia-lo-hi est une transcription absolument régulière de Grahi. De plus, Grahi. correspondant à la région de Jaiya, se trouve bien être, comme le Kia-lo-hi, au Sud et dans le voisinage immédiat du Cambodge, lequel, pendant une bonne partie de l’époque des Song, comprenait certainement le bassin de la Basse-Ménam. L’identification peut donc être considérée comme acquise.

En second lieu, cette inscription nous montre que le pays de Grahi, bien qu’étant de civilisation ou tout au moins de langue cambodgienne, ne relevait pas, au point de vue politique, du royaume khmèr. Le nom du roi Maharaja çrīmat Trailokyarājamaulibhūsanavarmadeva est inconnu des listes dynastiques du Cambodge. Je crois que le plus simple est de s’en tenir pour le moment au témoignage de Tchao Jou-koua, et d’admettre qu’il s’agit ici d’un roi de Palembang. Cette hypothèse saurait d’autant moins être écartée que le titre de maharaja qui figure dans l’inscription fut porté pendant une longue période de temps par les souverains de Palembang [3], et que les caractères

  1. Les quatre chiffres 1, 1,0,0 sont absolument nets. Ils sont suivis d’un cinquième signe identique au 6 des inscriptions kawi (BURNELL, South-indian paleogr. pl. XXIII). Aucune date ne pouvant comporter cinq chiffres, il faut supposer, soit que ce dernier signe n’est pas un chiffre mais un signe de ponctuation, soit que l’un des chiffres 1, 0, a été répété par inadvertance- La première hypothèse semble impossible : çaka 1100 n’est pas une année du Lièvre mais du Chien. L’autre n’est guère plus satisfaisante. En supprimant l’un des deux 1, nous aurions 1006. année du Rat ; en supprimant l’un des deux o, nous aurions 1106, année du Dragon. C’est l’année précédente, 1105, qui fut une année du Lièvre.
  2. Ou « sous le règne ? » — Traduction conjecturale d’une expression dont la lecture est douteuse.
  3. Cf. supra, p. 3.