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soleil et de la lune….. éclat de la lune réceptacle de sa gloire célébrée dans le monde, le roi Çrī Dharmarāja. En kaliyuga 4332 (1230 A. D.).....


STELE DE VIENG SA (FACE B) ; INSCRIPTION DU BLDDHA ET DU PIEDROIT DE JAIYA.
STELE DE VIENG SA (FACE B) ; INSCRIPTION DU BLDDHA ET DU PIEDROIT DE JAIYA.
STÈLE DE VIENG SA (FACE B) ; INSCRIPTION DU BLDDHA ET DU PIEDROIT DE JAIYA.


III. LE PAYS DE GRAHI.

Les Annales des Song [1] mentionnent, parmi les états limitrophes du Tchen-la, le pays de Kia-lo-hi : « Le Tchen-la touche aux frontières méridionales du Tchen-tching. Il a la mer à l’Est, le Pou-kan à l’Ouest, et le Kia-lo-hi au midi. » En dehors de sa situation géographique, tout ce que l’on sait de ce pays, c’est qu’à l’époque de Tchao Jou-koua (1225 A.D.) [2], il était tributaire du royaume de San-fo-ts’i.

Ces maigres renseignements sont insuffisants pour localiser le Kia-lo-hi. Schlegel le plaçait dans les environs du cap Cambodge [3]. Gerini, après avoir constaté que ce nom est « très embarrassant » [4], énumère, selon sa méthode ordinaire, les noms d’une quinzaine de localités situées dans la Péninsule Malaise, à Sumatra, et même à Bornéo, ayant une ressemblance plus ou moins directe avec le nom de Kia-lo-hi ; mais il se garde de conclure. Ni D’Hervey de Saint-Denys, ni M. Pelliot n’ont proposé d’identification.

L’épigraphie va nous permettre de déterminer avec certitude le nom indigène et la position géographique de ce pays de Kia-lo-hi. Il s’agit d’une inscription gravée sur le piédestal d’une grande statue de Buddha en samrit doré, provenant, d’après le Prince Damrong, d’une des pagodes de Jaiya, le Vat Huà Vieng [5], et conservée actuellement à Bangkok, dans une petite sala construite devant la façade orien’tale du Vat Pencamapabitr. Le Buddha est représenté assis sur les replis du nāga, et faisant d’une façon un peu inattendue la bhūmīsparçamudrā. Cette statue rappelle évidemment les productions de l’art khmèr, notamment la façon dont est traité le chaperon du nāga et les motifs décoratifs qui ornent le corps de ce dernier. Mais la gracilité du corps du Buddha, l’étroitesse de son visage et la finesse de ses traits, trahissent immédiatement l’origine méridionale de cette image.

L’inscription de cinq lignes gravées sur le socle est en pur cambodgien, analogue comme langue et comme orthographe aux anciennes inscriptions

  1. Song che, k. 489, p. 5 2° (cité d’après PELLIOT, BEFEO., IV, p. 404, et SCHLEGEL, T’oung Pao, 1901, p. 135). Le passage en question est reproduit dans la Géographie des Ming (SCHLEGEL, Ibid.) et dans Ma-touan-lin (D’HERVEY DE SAINT-DENYS, Méridionaux, p. 486).
  2. Sur la date de la composition du Tchou-fan-tche, cf. PELLIOT, T’oung Pao, 1912, p. 449.
  3. T’oung Pao, 1901, p. 136.
  4. « A very puzzling name » (Researches, p. 627).
  5. Sur ce site, cf. BCAI., 1912, p. 137.