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situer, ce port était au point de vue commercial une escale d’une importance comparable à celle que, dans la même région, le port de Pinang est en train d’acquérir.

— ÇRĪVIJAYA. La question de savoir quel pays fut jadis désigné par le nom de Çrīvijaya est précisément celle qui s’est posée au début de cette enquête. Les notions acquises chemin faisant vont permettre, je crois, de la résoudre.

On sait que, d’après les formes chinoises (Fo-che, Che-li-fo-che, Fo-ts’i, San-fo-ts’i) et arabe (Sribuza), le nom du royaume de Palembang a été restitué en Çrībhoja. Or. on n’aura pas manqué de remarquer que ce nom de Çrībhoja n’est apparu au cours de cette étude dans aucun des documents relatifs au royaume de Palembang où l’on s’attendait justement à le rencontrer. A propos du roi Çrī Cūlāmaṇivarman que j’ai cru pouvoir identifier d’une façon certaine avec le roi du San-fo-ts’i nommé par l’Histoire des Song Sseu-li-tchou-lo-wou-ni-fo-ma-tiao-houa, la charte de Rājarāja I dit seulement qu’il était roi de Katāha et de Çrīvijaya. Le nom de Çrībhoja ne figure pas davantage dans la liste des conquêtes que l’épigraphie de Rājendracola I attribue à ce prince, et où j’ai cru pouvoir reconnaître les pays vassaux de Palembang ; mais le premier nom de la liste est Çrīvijaya. Dans ces conditions, il est permis de se demander si, au lieu de Çrībhoja, le véritable nom du royaume de Palembang ne serait pas précisément Çrīvijaya.

La forme restituée Çrībhoja, proposée pour la première fois par St. Julien [1], n’a jamais satisfait complètement ni les indianistes, parce que ce mot est à peu près dénué de sens, ni les sinologues, parce que l’équivalence phonétique : fo-che, fo-ts’i = bhoja laisse à désirer [2]. Schlegel avait émis de sérieuses objections à l’emploi du caractère fo pour représenter une syllabe commençant par bh [3]. M. Pelliot semble disposé à passer outre à ces objections, mais il ajoute que « la seule difficulté de la restitution Çrībhoja est que la dernière syllabe, qu’elle soit transcrite che ou che [4] devrait être à voyelle i ou e plutôt qu’à voyelle a » [5].

L’équivalence fo-che, fo-ts’i = vijaya est-elle plus vraisemblable ? En ce qui concerne la seconde syllabe, certainement oui. M. Pelliot avait déjà signalé que Yi-tsing (chez qui apparaît pour la première fois le nom de Fo-che) emploie che pour transcrire la première syllabe de Jeta [6]. Depuis la publication du catalogue des Yaksas de la Mahāmāyūrī par M. S. Lévi [7], on sait que le même caractère est employé par Yi-tsing pour transcrire ji (Ojjihanā =

  1. Méthode, n° 297.
  2. Les formes arabes sont de peu de secours, vu l’incertitude de leur vocalisation.
  3. T’oung Pao, 1901, p. 175.
  4. En chinois, deux caractères différents (Note Wikisource.)
  5. BEFEO., IV, pp. 336, 337 n. 1.
  6. Ibid.
  7. JA., 1915 (1).