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recherche, c’est que ce pays figure sous la forms Lan-wou-li, parmi les états tributaires du San-fo-ts’i nommés par le Tchou fan tche [1].

— MĀNAKKAVĀRAM. On a vu plus haut que ce pays a déjà été identifié aux Nicobars, la première syllabe n’étant une fois de plus qu’un équivalent de mahā. La forme Necuveran employée par Marco Polo [2] est encore très proche de Nakkāvāram.


En résumé, des onze pays qui viennent d’être passés en revue, neuf ont pu être identifiés avec plus ou moins de certitude. De ceux-ci,

— un, le Malaiyūr, fut incorporé dès l’époque de Yi-tsing, au royaume de Palembang,

— quatre figurent au nombre des états tributaires du San-fo-ts’i énumérés par Tchao Jou-koua, savoir : -Yirudiṅgam (= Je-lo-t’ing), I-Laṅgāçogam (= Ling-ya-sseu kia), -Damāliṅgam (= Tan-ma-ling), et I-Lāmurideçam (= Lan-wou-li),

— quatre sont situés dans des régions telles que leur vassalité vis-à-vis de royaume de Palembang est vraisemblable ou du moins possible, savoir : Paṅṅai (à Sumatra ?), -Ppappālam et Talait-Takkolam (vers l’isthme du Kra ?), -Nakkavāram (îles Nicobar).

Cette statistique éclaire et corrobore complètement le passage de l’Histoire des Song sur lequel j’ai cru pouvoir fonder l’opinion que c’est le roi de Palembang qui est désigné dans l’épigraphie des Colas par l’expression « roi de Kadāram » ou « roi de Katāha et de Çrīvijaya ».

Il reste maintenant à rechercher le sens et la valeur de ces deux termes.


— KATĀHA, KADĀRAM, KIDĀRAM. À côté de ces trois formes attestées dans l’épigraphie. il existerait encore une forme littéraire, Kālagam, qui se trouve dans un poème tamoul ancien, le Paddinappālai (I, 191). D’après ce texte, des navires de Kālagam apportaient des marchandises à Kavirippūmpaddinam, le grand port situé à l’embouchure de la Kāverī [3] : le commentateur du poème affirme que Kālagam désigne ici le pays connu sous le nom de Kadāram, et les nighantus ou lexiques tamouls donnent, parmi les sens du mot Kālagam celui de « le pays nommé Kadāram » [4]. Mais il est possible

  1. Trad. HIRTH-ROCKHILL., pp. 62, 72. — Cf. GROENEveLDT, Notes, p. 98 ; HIRTH, T’oung Pao, 1895. p. 152 ; SCHLEGEL, Ibid., 1901, p. 138.
  2. Loc. cit.. II, p. 306.
  3. Cité par KANAKASABHAI, Madras Review, 1902. Cf. FERRAND, Textes arabes, II, p. 648.
  4. VENKAYYA. Arch-Surv. India, ann. rep.. 1907-8, p. 233 ; Rep. Arch, Surv. Burma, 1909-10, pp. 14-15.