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partie du mot et laisse de côté le groupe °liṅgam. Aussi est-il légitime de chercher un rapprochement plus satisfaisant.

Si l’on prend une fois de plus la première syllabe comme un équivalent de mahā, le nom à identifier est Damāliṅgam ou Tamāliṅgam. Or, parmi les quinze Etats tributaires du San-fo-ts’i, Tchao Jou-koua cite Tanma-ling : ce pays, suivant le même auteur, est voisin de Ling-ya-sseu-kia (Laṅkasuka) que l’on peut gagner par mer en six jours et aussi par voie de terre ; et il est semblable aux pays de Je-lo-t’ing (Yirudiṅgam, voir plus haut), Ts’ien-mai, Pa-t’a, et Kia-lo-hi (Grahi = Jaiya, voir App. III) [1].

M. Takakusu pensait retrouver dans Tan-ma-ling le nom de Tanah Malayu [2]. Mais M. Pelliot a fait remarquer que ce rapprochement n’est pas très satisfaisant au point de vue phonétique [3]. Schlegel proposait de lire Timbūlan, placé à l’embouchure d’une des rivières de la côte E. de Sumatra [4] : hypothèse insoutenable en face du témoignage de Tchao Jou-koua, d’après lequel on pouvait se rendre par voie de terre de Tan-ma-ling à Lahkasuka. M. Pelliot de son côté, a suggéré Těmběling. affluent de la rivière de Pahang [5]. Depuis, Gerini a mis en avant un autre Těmběling ou Temiling, près de l’embouchure de la rivière de Kwantan [6] : mais M. Blagden a fait observer avec raison que cette localisation s’accorde mal avec le passage de Tchao Jou-koua suivant lequel Tan-ma-ling n’est qu’à six jours de navigation de Laṅkasuka [7].

Une inscription inédite de la Péninsule Malaise va donner le nom exact de ce pays et permettre de le localiser avec une précision suffisante. Cette inscription [8] est gravée sur un piédroit originaire du Vat Huâ Vieng à Jaiya, et conservée actuellement à la Bibliothèque Nationale de Bangkok (Voir à l’appendice II le texte et la traduction de ce document). Elle est en sanskrit incorrect. L’usure des dernières lignes empêche malheureusement de discerner son objet, mais la date kaliyuga 4332 = 1230 A. D. est suffisamment distincte. Enfin le fait

  1. Trad. HIRTH-ROCKHILL, pp. 62, 67, 68.
  2. A record..., p. XLIII-XLV.
  3. BEFEO., IV, p. 328 n. 6.
  4. T’oung Pao, 1901, pp- 130-131.
  5. Loc. cit.
  6. JRAS., 1905, p. 498.
  7. Compte-rendu de la traduction de TCHAO JOU-KOUA par HIRTH et ROCKHILL, JRAS., 1913, p. 166 : « If the sailing time between Ling-ya-sseu-kia and Tan-ma-ling is correctly given in the text, it seems doubtful whether the latter can be Kuantan, as six days would be rather a short time, considering the weak monsoon of the Straits of Malacca ».
  8. Cette inscription ainsi qu’une autre de même provenance, très ruinée, a fait partie pendant quelque temps des collections particulières du Prince Damrong. C’est chez lui que M. DE LAJONQUIERE les a signalées (BCAL, 1912, p. 41).