supposent qu’il faut entendre par là que les races, coutumes et produits de ces divers pays sont les mêmes [1]. Il faut même entendre sans doute qu’ils sont voisins, car la même expression revient un peu plus loin, à propos du Fo-lo-an : « Ses voisins P’eng-fong, Teng-ya-nong, et Ki-lan-tan sont comme lui » [2]. P’eng-fong (= Pahang), Teng-ya-nong (= Trengganu), et Ki-lan-tan (= Kelantan) [3] sont en effet limitrophes les uns des autres, et tous également situés, au point de vue des productions naturelles, dans la zone de la « flore malaise » [4]. On est ainsi amené à supposer, par analogie, que Je-lo-t’ing. Ts’ien-mai, Pa-t’a, Kia-lo-hi et Tan-ma-ling sont des pays voisins les uns des autres et situés dans une même zone. Or, on verra par la suite que Kia-lo-hi = Grahi se trouvait à Jaiya [5], et que Tan-ma-ling était dans la même région [6]. Je-lo-t’ing devait donc se trouver quelque part vers le centre de la Péninsule Malaise. Et, par opposition au groupe méridional P’eng-fong, Teng-ya-nong, Ki-lan-tan, Fo-lo-an, le groupe Je-lo-t’ing, Ts’ien-mai, Pa-t’a, Kia-lo-hi, Tan-ma-ling représente apparemment les dépendances plus septentrionales du San-fo-ts’i dans une région caractérisée au point de vue naturel par la flore dite « siamoise » [7], et au point de vue des mœurs par la prédominance de la civilisation khmère [8].
— ILANGĀÇOGAM. M. G. Ferrand a correctement identifié ce pays avec le Ling-ya-sseu-kia que Tchao Jou-koua nomme parmi les dépendances du San-fo-ts’i. et avec le Lenkasuka que le Nāgarakrtāgama cite, un siècle et demi plus tard, comme tributaire de Majapahit [9]. L’ i initial ne fait pas difficulté, le tamoul ajoutant souvent un i au début des mots étrangers commençant par une linguale ou une liquide [10]. Quant à la consonne que, d’après M. Hultzsch, je transcris g, c’est l’unique explosive gutturale du tamoul, laquelle sert à transcrire aussi bien k que kh, g, ou gh.
On peut localiser ce pays assez exactement. Gerini a rappelé avec raison que Leṅkasuka est cité sous la forme Laṅkasuka par le Hikayat MaroṅMahawaṅsa [11].
- ↑ Ibid, p. 68.
- ↑ Ibid., p. 69.
- ↑ Cf. PELLIOT, Deux itinéraires, BEFEO., IV, p. 334-335.
- ↑ Cf. la carte jointe à l’article de M. RIDLEY, An account of a botanical expedition to lower Siam, J. Straits Br. RAS., n°59.
- ↑ Voir Appendice III : Le pays de Grahi.
- ↑ A ces deux identifications basées sur des documents épigraphiques et offrant par conséquent de sérieuses garanties d’exactitude, on peut ajouter les hypothèses de GERINI qui proposait d’identifier Pa-t’a au Bāta de TAVKRNIER et au Pate de TEIXEIRA lesquels correspondraient soit à Patanor = Bandon, soit à Bardia dans la baie de Jumbor (Researches, p. 543 n. 1, et p. 822).
- ↑ RIDLEY, loc. cit.
- ↑ L’inscription de Grahi est en effet en cambodgien.
- ↑ Textes arabes, p. 647 n. 1.
- ↑ MOUSSET et DUPUY, Dict. tamoul-français, I, p. 149
- ↑ The Nāgarakrtāgama list of countries..., JBAS., 1905. p. 495 et suiv.