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Ce passage est intéressant, car, en nous montrant que des relations politiques existaient au XIe siècle entre les Colas et le San-fo-ts’i, il fournit un nouvel argument en faveur de l’identification du « roi de Kadāram » avec le roi de Palembang.

Cela posé, il convient d’examiner la liste des pays conquis par Rājendracola I sur le roi de Kadāram (en laissant provisoirement de côté les noms de Kadāram [Kidāram, Katāha] et de Çrīvijaya). On va voir que la plupart d’entre eux se laissent reconnaître comme des états voisins du royaume de Palembang, ou s’étant trouvés à certain moment sous sa dépendance.

— PANNAI. Ce pays est probablement identique au Pane que le Nāgarakrtāgama nomme parmi les états de Sumatra dépendant, au XIVe siècle, de Majapahit. à côté de Jambi, Palembang, etc., et que Gerini place au moderne Pani ou Panei sur la côte E. de l’île [1]. Mais l’identification reste naturellement un peu hypothétique.

— MALAIYŪR. Il s’agit évidemment du pays de Malāyu d’où les Européens ont tiré le nom des Malais. La localisation exacte de ce pays a fait l’objet, depuis de longues années, de toute une série d’hypothèses qu’on trouvera réunies et discutées dans les Deux itinéraires de M. Pelliot (BEFEO., IV. p. 326 et suiv.) et dans les Researches de Gerini (p. 528 et suiv.). Que l’on place le Malāyu sur la côte occidentale de Sumatra, ou sur la côte orientale, ou même dans le Sud de la Péninsule Malaise [2], c’était dans tous les cas un pays qui se trouvait, au témoignage du pèlerin Yi-tsing, dans le voisinage immédiat du Che-li-fo-che (nom par lequel les Chinois désignèrent le royaume de Palembang avant d’employer la forme San-fo-ts’i). L’annexion du Malāyu par le Che-li-fo-che peut même, grâce à un passage de Yi-tsing, être datée entre 672 et 705 A. D. [3] : cette donnée suffit à l’enquête que je poursuis en ce moment.

On sait que le nom du Malāyu apparaît dans les textes sous deux formes distinctes, l’une avec r final, l’autre beaucoup plus fréquente, sans r. L’inscription tamoule de Rājendracola I fournit un nouvel exemple de la première forme qui n’était attestée jusqu’ici que par quelques auteurs ara

  1. Researches, p. 513.
  2. Les données de l’inscription tamoule : « l’ ancien Malaiyūr avec un fort situé sur une haute colline » n’éclairent pas beaucoup la discussion. Ces courtes descriptions qui accompagnent chaque nom de la liste reposent presque toutes sur des jeux de mots ou des étymologies fantaisistes. C’est le cas ici, où la « colline» (tamoul malai) n’apparaît sans doute que pour expliquer Malaiyūr. L’épithète « ancien » est plus suggestive : on pourrait la considérer comme un argument en faveur de la théorie d’après laquelle il y aurait eu deux pays ayant successivement porté le nom de Malāyu, et il s’agirait ici de l’ ancien par opposition au nouveau.
  3. PELLIOT, loc. cit. pp. 338, 348.