Page:Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, tome 18, 1918.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

était en même temps roi de Çrīvisaya. Cela, les épigraphistes, M. Hultzsch [1] et M. Venkayya [2] l’avaient bien compris, et si tout le monde avait eu ce fait présent à l’esprit, bien des erreurs eussent été évitées [3]. Les identifications des divers pays conquis par Rājendracola I sont, je le répète, solidaires les unes des autres, et si l’on arrive à localiser Kadāram, le cercle des recherches, en ce qui concerne les autres, sera immédiatement restreint aux contrées se trouvant dans le voisinage ou sous la dépendance politique du pays trouvé. M. Hultzsch avait d’abord, en 1891, identifié Kadāram avec une localité portant aujourd’hui ce nom et située dans le district de Madura [4]. Mais M. Venkayya ayant, sept ans plus tard, reconnu dans -Nakkavāram les îles Nicobar, et dans -Pappālam un port du Pégou cité dans le Mahāvamsa (LXXVI, 83) [5], M. Hultzsch était obligé, en 1903, de revenir sur sa première identification qui, comme il le reconnaissait lui-même, était peu compatible avec l’expédition navale mentionnée dans les textes épigraphiques, et il proposait de chercher Kadāram « en Indochine », sans d’ailleurs préciser davantage [6]. Entre temps, M. Kanakasabhai avait retrouvé dans Talaittakkolam le Takôla de Ptolémée, et émis l’opinion que Kidāram pūt être (Siri) khettarā, c’est-à-dire l’ancien site de Prome en Birmanie [7]. Cetle opinion fut adoptée par M. V. A. Smith qui y ajouta l’identification de Mādamāliṅgam à Martaban [8], et par Kielhorn [9]. M. Taw Sein Ko ne prétendait-il pas avoir retrouvé à Pégou deux piliers de granit élevés par le roi Cola pour commémorer ses conquêtes [10] ? Mais M. Venkayya a montré depuis que cette histoire est sans fondement [11], et a fait de justes réserves sur le rapprochement

  1. SII., II, p. 106 : « The remaining names of localities inust probably be looked for in the same neighbourhood (as Kadāram), as the inscription seems to imply that they were ail taken from the king of Kadāram, together with Kadāram itself, which is the last item in the list ».
  2. « The exact locality (of Kadāram) would dépend on the identification of the other places in Kadāram conquered by the Chola king » (Rep. Arch. Surv. Burma, 1909-10, p. 14).
  3. Par M. G. FERRAND, par exemple, qui après avoir déclaré que le rapprochement entre Kadāram et (Siri)kheltarā (Prome) est « tout à fait heureux », place Malaiyūr à Gudimallur près d’Arcot, et Pappālam sur la côte N.-E. de l’Inde (Textes arabes, II p. 646 n. 8 et p. 647 n. 2).
  4. « Kidāram is now the head-quarter of a tālluqa of the Râmnâd Zamîndârî in the Madura district » (SII., II, p. 106).
  5. Ann. Rep., 1898-99, p. 17. L’identification de Nakkavāram aux Nicobars figurait déjà dans Hobson-Jobson.
  6. SII., III, pp. 194-5.
  7. The conquest of Bengal and Burma by the Tamils, Madras Review, 1902, p. 251.
  8. Early history oj India, p. 466.
  9. List, p. 1 17 n. 4.
  10. Rep. Arch. Surv. Burma, 1906-7, p. 19.
  11. Arch. Surv. India, ann. rep., 1907-8, p. 233 n. 3.