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au plus tard du début du XIe siècle, sur lequel M. A. Foucher a basé sa première Etude sur l’iconographie bouddhique de l’Inde. La miniature 23 du ms. Cambridge Add. 1643, qui représente Avalokiteçvara à quatre bras entre Tārā et Mārīcī, porte comme titre : Suvarṇṇapure Çrīvijayapure Lokanātha, « Avalokiteçvara à Çrīvijayapura dans Suvarnapura [1] ». Mais cette citation n’avance pas à grand’chose, étant donné que Suvarnapura peut aussi bien désigner la Birmanie (Suvarnabhūmi) que Sumatra (Suvarṇadvīpa).

Le nom de Çrīvijaya se rencontre d’autre part à plusieurs reprises dans l’épigraphie de la dynastie indienne des Colas. Sous le règne de Rājarāja I (985-1012 A. D.), une inscription sanskrite et tamoule de la 21e année de ce roi [2] commémore la donation d’un village à un temple bouddhique de Negapatam, commencé par Cūlāmaṇivarman et achevé par Māravijayottuṅgavarman. Ce dernier, fils du précédent, est appelé (l. 80) « roi de Katāha (Kaṭāhādhipati) et de Çrīvisaya (Çrīviṣayādhipatī) » [3]. L’inscription ajoute qu’il appartient à la « famille du Roi des Monts » (çailendravamça). Or l’inscription inachevée, gravée sur la seconde face de la stèle de Vieng Sa, dit justement que le roi Çrī Mahārāja est issu du çailendravamça. Cela prouve pour le moins qu’en rapprochant le Çrīvijaya de la stèle de Vieng Sa, du Çrīvisaya de la charte de Rājarāja I, je ne m’égare pas dans mes recherches.

Le pays de Katāha sur lequel régnait le roi de Çrīvisaya, et que le texte tamoul de la charte nomme Kidāram, joue un rôle important dans l’épigraphie de Rājendracola I (1012-1042 A. D.). Ce prince audacieux, après avoir conquis l’Inde jusqu’au Gange, aurait porté ses armes au-delà des mers et conquis Kadāram avec qui les liens d’amitié attestés du vivant de son père s’étaient apparemment rompus [4]. Il se serait emparé en même temps d’une série de pays qui se trouvent énumérés dans deux inscriptions de la treizième et de la dix-neuvième année de son règne et en tête desquels figure Çrīvijayam. Cette liste a déjà été publiée à diverses reprises [5], mais comme

  1. A. FOUCHER, Iconographie bouddhique, p. 193. 205.
  2. C’est la charte appelée « grande charte de Leyde ». — Cf. Arch. Surv. S. India, IV, p. 206 ; VENKAYYA, Report. 1898-99, p. 17 ; Arch. Surv. India, ann. rep. 1911-12, p. 175 ; KIELHORN, List, n° 712.
  3. PW., s. v. vijaya I)k, glose : visaya « Provinz, Dictrict». Dans l’épigraphie chame vijaya désigne certaines subdivisions administratives (BEFEO., IV, p. 915). Çrīviṣaya et Çrīvijaya sont donc synonymes et signifient « le district de la fortune, le pays fortuné ».
  4. Un des successeurs de Rājendracola I, son fils (?) Vïrarājendra I prétend aussi, en 1068, avoir conquis Kadāram et l’avoir ensuite rendu à son roi (HULTZSCH, SII., III, pp. 192, 195, 202).
  5. HULTZSCH, SII., II, p. 106, avec corrections dans El., IX, p. 230 ; KIELHORN, List n° 734 ; KANAKASABHAI, Madras Review, aoūt 1902, et Tamilian Antiquary, 1911, n° 8 ; FERRAND, Textes arabes, p. 645 (au lieu de 1050, lire 1030).