Page:Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, tome 18, 1918.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le Royaume de Çrīvijaya[1]

H. Kern a publié dans les Bijdragen de 1913 (Deel 67, p. 393) une curieuse inscription trouvée à Kota Kapur, dans le district occidental de l’île de Bangka [2]. Cette inscription, qui date probablement de 608 çaka [3], est rédigée en une sorte de malais dont le savant éditeur n’a pas réussi à élucider toutes les obscurités. Le sens général du document se laisse toutefois assez bien saisir : c’est, selon H. Kern, un édit de Sa Majesté Vijaya prononçant des malédictions contre diverses catégories de malfaiteurs et ceux qui endommageraient la stèle, et des bénédictions pour ceux qui obéiront loyalement à leur souverain.

Le nom que H. Kern a traduit par « Sa Majesté Vijaya » apparaît trois fois dans le cours de l’inscription, les trois fois sous la forme Çrīvijaya, sans aucun titre royal. Voici du reste les passages visés :

— l. 2 : maṅraksa yaṅ kadatuan çrīvijaya, « (ô puissantes divinités) qui protégez le royaume de Çrīvijaya ».

— l. 4 : tīda ya bhakti tīda ya tattvārjava diy āku.... nisuruḥ tāpik ya mulaṅ parvvāṇḍān dātu çrīvijaya, « ceux qui ne sont pas dévoués, ceux qui ne sont pas loyaux envers moi.... qu’ils soient punis avec... (?)... des nobles (dātu) de Çrīvijaya ».

— l. 10 : nipāhat di velāñā yan vala çrīvijaya kalivat manāpik yaṅ bhūmi jāva tida bhakti ka çrīvijaya, « (cette inscription) a été gravée au moment où l’armée de Çrīvijaya a chātié (?) le pays de Jāva qui n’obéissait pas à Çrīvijaya ».

Si, avec H. Kern, on prend Çrīvijaya comme un nom de roi, il faut supposer que dans la même phrase (l. 4) ce roi parle de lui successivement à la

  1. Tous les caractères particuliers des transcriptions et les idéogrammes chinois n'ont pu être reproduits ici. Se reporter au texte original. (Note Wikisource)
  2. Cf. aussi : BLAGDEN, The Kota Kapur inscription, J. Straits Br. RAS., 1913 (64), p. 69, et (65) p. 37.
  3. Le chiffre 6 est incertain (cf. p. 400), mais l’écriture est très archaïque.