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IV


J’enchante la mélancolie
Par mes accents mystérieux,
Quand, sur les harpes d’Éolie,
Erre mon souffle harmonieux…

Délices du cœur qui soupire,
Je sais, pour charmer la douleur,
Faire vibrer comme une lyre
Les rameaux du saule pleureur,

Au feuillage du térébinthe
Je prête de touchants accords ;
J’inspire une éternelle plainte
Au cyprès penché sur les morts….

Dans ses noirs barreaux quand je passe,
Le prisonnier est consolé,
Et je vole, à travers l’espace,
Sécher les pleurs de l’exilé.

Errante parmi les ruines,
Au sein des vieux cloîtres déserts,
Je trouve des notes divines,
Écho de leurs sacrés concerts.

J’emporte, agile messagère,
Dans mon essor capricieux,
Fanfares de chasse ou de guerre,
Tendres appels, refrains joyeux…