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Mais, vers elles tournant ses doux regards, Elcy,
D’une touchante voix les consolait ainsi :

« Ô mes sœurs, si je vous suis chère,
» Ne gémissez pas sur mon sort !…
» Sèche tes larmes, ô ma mère !
» Tout meurt, hélas !… sur le Calvaire,
» Dieu lui-même n’est-il pas mort ?…

» Sur la terre tout front se penche,
» Marqué du sceau de la douleur ;
» Moi, je vais au ciel où s’étanche
» L’éternelle soif du bonheur !…

» Ne pleurez pas… l’heure dernière
» Est, pour notre âme prisonnière,
» L’aube des délices des cieux…
» Mes sœurs, embaumons nos adieux
» Avec les fleurs de la prière !…

» Puisque Dieu ne veut plus que je reste ici-bas,
» Adorons ses décrets et ne murmurons pas.
» Hélas ! sa volonté s’est pour moi révélée
» Depuis longtemps déjà… Dans l’humide vallée,
» Pleine de vie alors je m’égarais un soir,
» Cherchant des flots aimés le limpide miroir ;
» Mais, tandis que mes pas distraits foulaient la mousse,
» Le rossignol des nuits chantait d’une voix douce :