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facteurs primaires, il y a place pour des recherches d’une haute importance.

Des variations déterminées par une modification constante ou simplement périodique de l’ambiance, et qui se traduisent par un coefficient parfois très faible de la variabilité, peuvent cependant, comme l’a montré Delbœuf, amener la création de nouvelles espèces sans le concours de la sélection, celle-ci n’intervenant que comme cause accélératrice d’ailleurs très efficace, mais en tous cas secondaire[1].

En outre, les facteurs éthologiques de variation, agissant d’une façon parallèle sur des plasmas d’une origine phylogénique plus ou moins voisine, doivent nécessairement produire sur les divers êtres d’un même groupe, et même sur des êtres appartenant à des groupes parfois très éloignés, des actions comparables. La variabilité n’est donc pas absolument quelconque et indéterminée, comme l’ont pensé et le pensent peut-être encore certains darwinistes outranciers et ceux qu’on a appelés les néo-darwiniens.

Elle obéit à des lois qu’il est intéressant de dégager, ainsi que déjà se sont efforcés de le faire de sagaces investigateurs : Hyatt, Eimer, M. von Linden, Ch. Oberthür, etc. L’ensemble de ces lois constitue ce que Eimer a désigné sous le nom d’orthogenèse.

Les divers stades d’évolution orthogénétique ne sont nullement dépendants, dans leur origine, du facteur secondaire de la sélection. Tantôt ils se manifestent avec une certaine continuité, sous l’action de la cause ou des causes qui les font naître, et tantôt ils se montrent avec une apparente brusquerie, par halmatogenèse comme disait Eimer, par mutation comme nous disons aujourd’hui avec H. de Vries.

Ces stades de l’évolution (ou génépistases) peuvent être de durée inégale, et, considérés d’une façon parallèle, ils peuvent apparaître simultanément par homœogenèse ou à des époques différentes par hétérépistase dans les diverses branches d’un même phylum.

En d’autres termes, il arrive très rarement que le polymorphisme d’une espèce dont l’équilibre est troublé soit un polymorphisme diffus : généralement ce polymorphisme est polytaxique (souvent même oligotaxique) et comme l’ont montré Duval-Jouve pour les

  1. Giard (A.), Controverses transformistes. La loi de Delbœuf, p. 126 et suiv.