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therium, Megalonyx, Megatherium, Mastodon de M. Cuvier, et quelques autres espèces de genres déjà connus, ne soient plus existants dans la nature ; néanmoins, il n’y a là qu’une possibilité.

» Mais les animaux qui vivent dans le sein des eaux, surtout des eaux marines, et, en outre, toutes les races de petite taille qui habitent la surface de la terre et qui respirent à l’air, sont à l’abri de la destruction de leur espèce de la part de l’homme ; leur multiplicité est si grande et les moyens de se soustraire à ses poursuites et à ses pièges sont tels, qu’il n’y a aucune apparence qu’il puisse détruire l’espèce entière d’aucun de ces animaux[1] ».

L’esprit anthropocentrique de ce passage est déconcertant. Lamarck ne songe pas un instant que la disparition des espèces pourrait être due à des causes étrangères à l’homme.

À la vérité, quelques pages plus loin, il dit bien :

« Les animaux se mangent les uns les autres, sauf ceux qui vivent des végétaux… On sait que ce sont les plus forts et les mieux armés qui mangent les plus faibles et que les grandes espèces dévorent les plus petites ».

Mais il ne voit là qu’un moyen d’empêcher la multiplicité exagérée des petites espèces et des animaux les plus imparfaits qui pourraient nuire à la conservation des races plus perfectionnées, et une précaution prise par la nature pour restreindre cette multiplication dans des limites qu’elle ne peut jamais franchir.

Il y a loin de cette conception tout imprégnée de finalisme à la sélection darwinienne, et bien que certains grands esprits, Aristote peut-être dans l’antiquité et plus près de nous J.-J. Rousseau, Diderot, Cabanis aient eu une idée assez nette de la lutte pour la vie et de son action éliminatrice, bien que quelques naturalistes tels que Patrick Matthew et des économistes comme Malthus, auxquels d’ailleurs il a été rendu pleine justice, puissent être considérés comme des précurseurs réels et clairvoyants, nous devons payer à Charles Darwin le juste tribut d’admiration auquel il a droit[2].

Mais à côté de la théorie de Darwin et en employant les mêmes procédés de statistique globale, sans entrer dans l’analyse des

  1. Lamarck (J.-B.), Philosophie zoologique, 1809, I, p. 76.
  2. Giard (A.). Controverses transformistes. Histoire du transformisme, pag. 19.