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Pour Lamarck, les forces extérieures n’agissent pas toujours aussi simplement, sauf peut-être dans le cas des végétaux, et le plus souvent elles déterminent chez l’animal une réaction qui fait entrer en jeu dans la production des variations futures, toutes les données ancestrales de l’hérédité.

La conception éthologique de Geoffroy n’allait pas au delà des autoadaptations qu’on a désignées récemment sous le nom d’allomorphoses, et que le naturaliste américain Cope rapportait à la physiogénèse. Lamarck, quoi qu’on en ait dit, s’est élevé à la notion plus profonde et plus complexe de cinétogénèse, c’est-à-dire des variations intimes non encore coordonnées, mais transmissibles par l’hérédité, d’un organisme placé dans un milieu biologique nouveau (automorphoses de E. Perrier)[1].

Quoi qu’il en soit, le domaine des études éthologiques nous paraît sans limites et il n’y aura jamais pour l’exploiter trop de travailleurs.

On a pu le prophétiser sans invraisemblance :

« Dans un avenir certainement encore lointain, Éthologie et Physiologie ne feront plus qu’un ; les faits de la vie des animaux, leurs conditions d’existence, leurs instincts d’une part, leur évolution morphologique de l’autre, pourront alors être réduits à des sommes de faits physiologiques élémentaires ; des rapports de dépendance mutuelle entre les faits d’observation se montreront toujours plus nombreux, permettant peut-être un jour d’établir de véritables formules, capables d’exprimer, non seulement chaque forme réellement existante, mais en outre toutes les formes possibles, comme les formules chimiques établies sur les corps connus et bien déterminés nous mettent en mesure de prévoir des séries entières de composés encore inconnus et d’établir à l’avance leurs propriétés principales[2]. »

Mais ce sont là de beaux rêves d’une réalisation douteuse car connaîtrons nous jamais le passé ? Pour le moment il est plus sage

  1. Carl Detto, sans le vouloir, a montré récemment de la façon la plus lumineuse que le Lamarckisme est parfaitement compatible avec une théorie purement causale de l’évolution sans le concours d’aucune vue finaliste ou vitaliste. Voir DettoC. Die Theorie der direkten Anpassung und ihre Bedeutung für das Anpassungs- und Descendenzproblem, Iena, Fischer, 1904.
  2. C. Emery, Éthologie, phylogénie et classification. VIe Congrès international de zoologie, Berne, 1904, p. 163. — Comme le rappelle Emery, quelques tentatives on